Pop |

Le mois dernier, nous vous présentions avec enthousiasme le second album de David Guez (chroniqué ICI). C’est l’occasion de revenir sur son prédécesseur, daté d’il y a plus de six ans déjà. Sous une pochette évoquant Paul Delvaux (alors que celle de son successeur se référait à René Magritte), on ne peut dénier à ce Guez une continuité conceptuelle avérée. Aussi méticuleux qu’exigeant, David avait déjà collaboré pour ce projet avec un arrangeur musical de renom, Chris Elliott (Amy Winehouse, Mark Ronson), ainsi que le directeur artistique Lawrence Azerrad (Esperanza Spalding, Sting). Enregistrés entre Paris, Londres et New York, et mixés à L.A. par Mick Guzauski (Daft Punk, Pharrell Williams), ces dix titres illustraient l’ambition d’un créateur soucieux de se jouer des étiquettes comme des époques, pour s’inscrire dans l’intemporalité d’une certaine pop 48 carats. Avec leurs somptueux arrangements de cordes synthétiques, les “The Future” et “The Haze” d’ouverture taquinent ainsi d’emblée la mémoire de ELO et Ten CC (sur les travées du McCartney de “Venus And Mars”). Sans relation avec le standard éponyme de Stevie Wonder, “The Higher Ground” (avec sa steel guitar), ainsi que “The Corners Of Your Mind” et “Invisible Man”, évoquent quant à eux l’ambitieux Gerry Rafferty de “City To City” et “Night Owl”. L’empreinte du Steely Dan de “Can’t Buy A Thrill” (ainsi que celle de Compton & Batteau, chroniqués ICI), que nous avions déjà repérée sur “The Price Of Illusion”, transpire sur le confondant “The Strangest Part Of You”, dont les arrangements de cordes (bien que toujours synthétiques) tutoient ceux d’un Nelson Riddle. L’ombre de Macca nimbe à nouveau le lyrique “A Higher Plane”, avant que la plage titulaire n’arpente carrément les plates-bandes du Brian Wilson circa “Smile”. Sorti en 72, pareil missile aurait sans doute dégommé tous les “Sail On, Sailor” de la galaxie, et on est dès lors convaincu de nager en parfaite uchronie. On ne s’étonnera donc pas davantage de trouver à “A Revelation” des tourneries de piano, de cordes et de cuivres (numériques) dignes d’un Jean-Claude Vannier, tandis que le final “A Hundred Million Years” n’aurait quant à lui pas déparé le “Goodbye Yellow Brick Road” d’un certain Reginald Kenneth Dwight. Bien que relativement récent, cet album est rapidement devenu un collector prisé, et sa cote atteint d’ores et déjà des cimes stratosphériques sur Amazon (essayez plutôt Discogs en l’occurrence, où les tarifs demeurent, pour le moment encore, plus abordables). Un monument caché de pop intemporelle, à découvrir à tout prix (ou presque)…
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, July 15th 2025
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