Swing Blues |
On ne change certes pas une équipe qui gagne, mais rien n’interdit cependant de l’augmenter! C’est ce que s’est sans doute dit l’une des formations phares sur la Côte d’Opale de nos Hauts-de-France. On les avait quittés sur l’excellent “Thunderbolt” paru à l’été 2022 (et chroniqué ICI), qui faisait suite à leur “Night Ridin’ Daddy” de 2018 (chroniqué ICI), et à un titre près, c’est à une relecture partielle de chacun de ces deux derniers opus qu’ils se livrent ici. Mais le jeu en vaut la chandelle, car au lieu d’une simple compilation, c’est à de tout nouveaux arrangements qu’ils soumettent ces treize plages. S’ouvrant sur le même remuant instrumental “Stompin’ Stuff” qui inaugurait naguère “Night Ridin’ Daddy”, on y mesure d’emblée le rôle déterminant que prend la section de cuivres additionnelle (Gilles Renard, saxophone, Frédéric Parmentier, trombone et Maxime Lorthioy, trompette). Se mariant à merveille avec la section rythmique que constituent les non moins remarquables Hervé Parent à la basse, et Sébastien Courti aux drumsticks, la musique des Blues Eaters ne s’y épanouit que davantage encore. Norman Rosaia n’en ressort pas moins l’harmonica sur son impavide “Never Surrender”, avant de rejoindre l’un de ses mentors, Brian Setzer, en mode Orchestra sur le “Wandering Soul” qui accusait déjà, en version originale, sa filiation avec le leader des Stray Cats. Les guitares ne sont pas en reste, comme en témoignent les soli respectifs de Norman et de Jo Nosalik, mais le quartette originel est transfiguré par la tempête qui lui souffle dans le dos. Issu de “Thunderbolt”, le mid-tempo funk “Fading To Dark” y gagne en moelleux et en puissance ce qu’il cède en aspérité, tandis que le solo de sax de Renard le conclut en finesse, et que “Mixed Up Kid” (de la même provenance) se drape d’atours à la Blues Brothers Band. Co-signé par l’autre guitariste originel des Blues Eaters, Thomas Hirsch (désormais leader de Thom & The Tone Masters, chroniqués ICI et ICI), “One Night In New-Orleans” se montre plus que jamais à la hauteur de son titre, son second-line rumba beat y prenant des accents latins à la “Tequila” (registre où le rejoignent les tonitruants “Bloody Kings” et “Killin’ Groove”, ainsi que, sur un ton plus lancinant, “Crawlin’ Liar”). Métamorphosées à leur tour, la plage titulaire de “Thunderbolt” sonne comme un autre out-take du Brian Setzer Orchestra (vibrato de guitare et cuivres en cascade inclus), et “Still The Same” comme le cousin putatif de “Stray Cat Blues” (avec sa trompette bouchée, ses cuivres subtils et les balais de Courti). Seul inédit effectif de cette livraison majeure, le funky “Groovy Child Of Mine” nous gratifie in extremis d’un bonus dans la veine du Freddie King dernière période. Rares sont de nos jours les formations hexagonales toujours en service quinze ans après leurs débuts, et plus rares encore celles qui parviennent encore à évoluer au terme de ce délai. Les Blues Eaters s’inscrivent désormais parmi ce carré restreint, grâce leur en soit rendue.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, May 4th 2024
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