BLUES EATERS – Thunderbolt

LME Records
Swing Blues
BLUES EATERS - Thunderbolt

Pour leur quatrième album studio, les Frères de la Côte (d’Opale) n’ont cette fois encore pas fait les choses à moitié. L’intégration d’un nouveau bassiste (Hervé Parent) n’affecte en rien leur cohésion, et leur orientation jump & swing blues se teinte plus que jamais d’une touche jazzy que confirment les deux plages d’ouverture. Menant la danse de mains de maîtres, les deux guitaristes s’appuient toujours sur l’impressionnant batteur Sébastien Courti pour délivrer dix nouveaux originaux méticuleusement arrangés. Le rumba beat s’invite sur “Bloody Kings”, avant la ballade atmosphérique “What A Girl”, au fil de laquelle les six cordes respectives de Norman Rosaïa et Jonathan Nosalik déploient toute la palette de leur subtilité. Surfant aux frontières du rockabilly et du mambo, le frénétique “Mixed Up Kid” offre à Norman l’occasion de sortir l’harmonica, tout en énumérant malicieusement sa propre éducation musicale. La latin soul s’invite en majesté sur le languide “Crawlin’ Liar”, et les guitares y prennent des accents tour à tour proches de ceux de Grant Green, Herb Ellis et Carlos Santana, tandis que le solide Texas shuffle “No Need For A Sin” ravive les ombres du tandem que formait jadis Mike Morgan avec le regretté Lee McBee au sein de The Crawl. Toujours aussi fan de Muddy Waters, Norman en délivre avec “Fatal Dilemma” une introduction classique, avant de poursuivre en Delta slide sur un boogie beat mâtiné de swing: le genre de cocktail saisissant dont les Blues Eaters sont devenus les experts. Ne manquait au tableau qu’un zeste de funk, et c’est le mid-tempo “Fadin’ To Dark” qui s’y colle, dans la veine des regrettés Fenton Robinson et Byther Smith. Sur une rythmique plus créative que jamais, les guitares y rivalisent de finesse tandis que le timbre vocal vigoureux de Norman s’y nimbe d’un écho subtil. Le languide “Tears Of The Sunrise” conclut cet excellent opus dans un dénuement sensible, la voix s’y exprimant brillamment sur le simple accompagnement d’une guitare. Chapeau, Messieurs!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, August 13th 2022

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