Pop

Autant le confirmer d’emblée: ici, on n’a rien contre Alex Izenberg, bien au contraire (cf. chroniques ICI et ICI). N’empêche, en dépit de son incontestablement talent (le hissant invariablement au rang des intouchables Ron Sexsmith, Sufjan Stevens et Sturgill Simpson), sa bipolarité officiellement assumée ne le sert pas à tous les coups. Ainsi de ce nouvel album (son quatrième à ce jour), au fil duquel, après avoir malicieusement singé McCartney sur le clip du “Ivory” de son bien intitulé “I’m Not Here”, il semble à présent faire une fixette maladive sur le Lennon de “Walls & Bridges”. Bad timing: alors que le prédécesseur de ce dernier, l’excellent “Mind Games”, fait l’objet d’une réédition augmentée, ces onze nouvelles livraisons de l’ermite de la Cité des Anges pâtissent d’une hyper-production qui en empèse le moindre des contours (pas moins de douze contributeurs y furent affectés). De ballades fourbues et bouffies de cordes (“An Obscured Odyssey”, “Threaded Dances”, avec ce saxo de Colin Kupka dilué du “Baker Street” de Gerry Rafferty) en funk paresseux façon yacht-rock (“The Gospel Of Exiles”, “The Wraith Behind Our Eyes”, “Drinking The Dusk Away”, “Pareidolia”, “United States (Of Mind)”), le falsetto d’Alex ne peine certes pas à approcher celui de son modèle nasillard, mais si bien troussées qu’elles demeurent, ses mélodies y pâtissent de cette débauche de claviers, de bandes passées à l’envers et de steel guitars dégoulinantes (“Dreams Of Déjà Vu”, “Only The Moon Knows”, “As The Dawn Serenades The Dark”), au point que l’on jurerait cet album affecté du même syndrome que le “All Things Must Pass” originel de Harrison: too many layers of sound tend to bury the tracks. Il ne s’agit sans doute que d’une fausse route ou d’une mauvaise passe: à quand une stripped-down version de ce disque, que l’on puisse enfin juger de ses qualités réelles? More Nilsson, please (and less Elton, too). Manquerait plus qu’un “Yellow Brick Road” revival, à présent…

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, July 25th 2024

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