ALEX IZENBERG – I’m Not Here

Weird World / Domino
Pop
ALEX IZENBERG

Quand on évoque la longue lignée des auteurs-compositeurs mentalement dérangés qu’énumère l’histoire de la pop, on songe évidemment en premier à Daniel Johnston, Syd Barrett, Nick Drake, Peter Green et Danny Kirwan. Mais guère loin derrière ces cas cliniques avérés se profilent aussi les ombres tragiques d’Arthur Lee, Gene Clark, Alex Chilton et Chris Bell (sans oublier celles des frangins Dennis et Brian Wilson – Charles Manson étant hors concours, d’accord?). Et s’il en accuse peut-être effectivement les mêmes syndromes (puisque diagnostiqué bipolaire il y a dix ans), le talent du Californien Alex Izenberg ne se résume heureusement pas à cette seule classification. En témoigne notamment, pour sa troisième livraison à ce jour, sa saisissante imitation de Sir Paul McCartney en personne sur le clip de son élégiaque “Ivory”, tandis que l’on décèle aussi des traces ADN du premier Big Star sur “Breathless Darkness” et le terrassant “Our Love Remains”, ainsi que de Buffalo Springfield sur le languide three-steps “Ladies Of Rodeo”, et des Beach Boys circa “Surf’s Up” sur “Gemini Underwater”. De même que celles d'”Eleanor Rigby” et “Lady Jane” sur le menuet à cordes intitulé “Broadway”, des Beatles circa “Magical Mystery Tour” sur “Egyptian Cadillac”, et des débuts de Steely Dan sur “Sorrows Blue Tapestry”. Aussi instantanément familière que subtilement décalée, une pop aussi majestueuse et délicatement ouvragée que résolument majuscule. Et si, comme le suggère son titre, son auteur n’était effectivement pas à la manœuvre, alors qui d’autre?

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 6th 2022

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