AFTON WOLFE – The Harvest

Grandiflora Records
Americana
AFTON WOLFE - The Harvest

On l’avait découvert voici deux ans déjà avec son tout premier album solo (chroniqué ICI), suivi en mai dernier d’un frugal EP 5 titres (“Twenty-Three”, chroniqué ICI). Né à McComb (Mississippi), et élevé entre Meridian (ville natale du pionnier de la country Jimmie Rodgers), Hattiesburg et Greenville, Afton Wolfe s’est établi à Nashville voici une vingtaine d’années, pour y devenir un pilier de la scène musicale locale. Peu enclin à se laisser étiqueter pour autant (notamment via les clichés Grand Ole Opry et consorts), il cultive un éclectisme de bon ton, où se mêlent ses racines Delta blues à des influences louisianaises, jazz, créole et gospel. À la fois prolixe (c’est sa seconde livraison cette année) et économe (s’il avait regroupé ces deux parutions en une seule, on n’y dénombrerait que 12 titres au total), le gusse se fend cette fois d’un prétendu panel de compositions de son beau-père, un certain LH Halliburton. Si la plage titulaire qui ouvre le ban ne présente guère de rapport avec sa célèbre homonyme chez Neil Young (hormis une certaine humeur agreste, renforcée par l’égrénement d’un banjo, la choriste Courtney Santana, un piano bastringue et un flutiau mutin), on retrouve avec plaisir l’éclectisme à la manœuvre sur ses premiers efforts. Ainsi de “New-Orleans Going Down” et “Lost Players” (avec leurs vocals éraillés à la Tom Waits), ou du hanté “Hello Mr. Wolf” (rappelant la geste bruitiste du “Swordfishtrombone” du précité). “Til The River No Longer Flows” prend les atours d’une diatribe épique et dylanesque circa “All Along The Watchtower” (à deux pas de la version de Hendrix, grâce à la guitare de Mark Robinson et au piano d’Anthony Saddic), tandis que “Mississippi” accuse la touche rétro et désuette d’une ballade de fête foraine, et que le pâteux “Here To Stay” sonne comme la gueule de bois désaccordée d’un vieux crabe coincé au tréfonds d’un boui-boui aquatique. Et si cet Halliburton (quasiment inconnu au bataillon) n’était au demeurant qu’un nouveau faux-nez pour le facétieux Afton Wolfe, dont il nous semble bien reconnaître de bout en bout la patte? Pari tenu: ne te fiche pas de nous, Afton, on t’a reconnu!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 20th 2023

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