ABILENE – Take No Prisoners Rock N Roll

Autoproduction
Rock 'n roll
ABILENE - Take No Prisoners Rock N Roll

Comment désigne-t-on un dispositif où se côtoient Eddie Cochran, les Stray Cats, Motörhead, les frangins Gurvitz, les Georgia Satellites, Billy Lee Riley, Slade, Bowie et les Jumpers? Une compile? Une mixtape? Les plus anciens auraient sans doute répondu un juke-box (mais alors, d’un type plus éclectique encore que de coutume)… Tous ceux qui, de par le monde, s’y sont essayé un jour – ou des années durant – le savent bien, la réponse est évidente: un rock n’ roll band, pardi. Quel autre dénominateur commun, sinon, à tous ces précités? Pour cent sympathiques formations amateurs ou semi-pro, combien notre Hexagone en engendra-t-il de vraiment bonnes? Je veux dire, de celles qui n’inspirent ni la condescendance ni le sarcasme? Oh, pas la peine d’aller trop chercher parmi ces têtes d’affiches dont l’univers entier se gausse à nos dépens. Comme l’écrivit Philippe Garnier, c’est dans les marges et les recoins qu’il faut traquer le véritable dessus du panier. À Rouen pour les Dogs, au Havre pour Little Bob, ou encore à Hem (près de Roubaix) pour Baton Rouge. Et à Mourenx (dans les Pyrénées Atlantiques) pour Abilene. Car de leur adaptation du “Radiation Ranch” de la bande à Setzer au “Bomber” de celle à Lemmy, et du “Race With The Devil” de Gun à “Gudbuy T’Jane” et “Cum On Feel The Noize”, cette formation trentenaire (et dont voici seulement le premier album) exsude par tous les pores une cohésion de commando, au service d’une science intime du backbeat, ce truc dont papy Chuck estimait que l’on ne peut se défaire. Avec une paire de guitar pistoleros de l’envergure de Jean-Pierre Medou (attaques en vrille de sustain rageur) et Jean-Michel Calleja (riffs débités à la feuille de boucher), ainsi qu’une rythmique montée sur amortisseurs et carburant à l’octane, ce quintette de notre Sud à nous relève le gant (de cuir) de tous les défis. À preuve, leur version de “Summertime Blues” s’inscrit d’emblée parmi le quinté de tête toutes catégories (les autres déclinant, en vrac, celles des Who, de Cochran himself, des Pirates et des Flamin’ Groovies). Ce missile remonte déjà à 2020, et son lead singer, Didier Céré, nous a depuis gratifiés de deux albums solo en bonne compagnie (chronique de Deep Sud ICI, et chronique de Rock Rebel ICI). N’empêche, sous ses relents virils de kérosène et de cambouis, Abilene s’avère de fait le plus frenchy des garage bands. Du genre garage à bikers, bien entendu.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 15th 2022

:::::::::::::::

ABILENE – Summertime Blues: