DIDIER CÉRÉ – Rock Rebel

Céré Family
Rock'n'Roll
DIDIER CÉRÉ - Rock Rebel

On l’avait laissé il y a dix-huit mois à peine sur un remarquable premier album solo, “Deep Sud” (voir chronique ICI), et il semble que le bonhomme ait pris goût à l’exercice, puisqu’il nous revient selon la même formule (ou presque). Car il faut préciser que chez Didier Céré, la notion d’album solo ne revêt pas exactement la même connotation que chez Graeme Allwright (au hasard). Chez Didier, non seulement, ça pétarade davantage, mais surtout, il y a du monde! Parmi les 19 participants à ces bacchanales, on en repère déjà plusieurs bien connus de nos services. Ainsi de Nico Wayne Toussaint (récidiviste) ou du regretté Patrick Verbeke, mais aussi de Kris Jefferson (bassiste chez Popa Chubby, entre autres) et Buddy Whittington (qui aligna 18 piges de bons et loyaux services auprès de John Mayall). Et pour le reste, ça défile: Floyd Domino est aux ivoires, Red Young au Hammond B3 et Jean-Yves Lozac’h à la pedal-steel. On dénombre pas moins de huit guitaristes pour quatre cuivres, mais seulement deux bassistes et un seul batteur. Tout ce beau linge ne s’ébat heureusement pas ensemble (imaginez le tintamarre), mais se répartit au gré de l’inspiration de leur hôte. Comme son titre l’indique, la plage éponyme qui ouvre le ban est un rockabilly bon teint, sur lequel la guitare de Redd Volkaert (ex-sideman de Merle Haggard) tricote dans l’esprit de Scotty Moore et James Burton, tandis que Didier y hoquette comme les pionniers. Avec ses cuivres rutilants et sa pedal-steel ondulatoire, “VTwin Boogie” est un western-swing-a-billy bénéficiant d’un solo d’harmo fulgurant (Nico!) et de chœurs féminins à la Andrews Sisters. “Reeferbilly Boogie” est une désopilante démarque du “Rock-A-Billy Boogie” popularisé voici quarante ans par Robert Gordon, où la gratte de Redd Volkaert allume des guirlandes sur une réverb’ vintage à souhait. “Tu Peux Frapper” est la traduction littérale du “Keep A Knocking” de feu Richard Penniman, alias Little Richard, sur laquelle les cuivres déferlent comme un raid commando, et la slide de Verbeke croise le manche avec Buddy Whittington et Redd Volkaert: bref, ça cartonne. C’est le boogie piano de Floyd Domino qui embraye pour l’instrumental “Lalla’s Boogie”, où Volkaert, Whittington, Toussaint, Didier et les cuivres se tirent la bourre comme à la Foire du Trône – Bon Dieu, que ça swingue! Il est temps de reprendre son souffle, avec la three-steps country ballad “Salut Charly” (co-signée Michel Mallory et Jean-Philippe Smet). Dialoguant avec la mandoline de Christian Séguret, la pedal-steel y larmoie à foison, tandis que Nico Toussaint se la joue McCoy, et que les choristes ont coiffé le Stetson. Le rock reprend vite ses droits avec “Teenage Boogie” de Webb Pierce et “7 Nuits Je Rocke” (“Seven Nights To Rock”), où la mécanique rythmique propulse cordes et soufflants comme à la parade, et les robes à crinoline s’envolent en tourbillonnant. Un diddley beat sauvage secoue l’original “Daytona Beach” (ses chœurs de vestales mutines, son harmo incendiaire) avant que le rideau ne tombe sur le “Hot Summer Nights” de Walter Egan traduit en “Folles Nuits d’Été” (seule incartade à la doxa dominante). Cette rébellion est celle des irréductibles, ceux que la flamme originelle n’a jamais quittés, et qui en cultivent depuis toujours le feu sacré… Oh, pas forcément autour d’un brasero, non (faudrait voir à pas confondre Perfectos et Gilets Jaunes), mais avec pour valeur cardinale la solidarité des Frères de la Côte. Didier Céré est un flibustier…

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 1st 2022

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DIDIER CÉRÉ – ROCK REBEL Teaser 2021:

DIDIER CÉRÉ & ALL STARS BAND – Lalla’s Boogie: