Interview de Mighty Mo Rodgers

Interview de Mighty Mo Rodgers à l’occasion de la sortie de son album “The Virus”.
Interview préparée et réalisée par Ilene Martinez (Bayou Blue Radio – Paris-Move)
Interview originale, en anglais, parue début novembre 2019 sur Bayou Blue Radio
Traduction: Ilene Martinez & Thierry Docmac (Bayou Blue Radio – Paris-Move)
Photos: © Alain Hiot & Frankie Pfeiffer
PARIS-MOVE, November 25th 2019

Ilene: Je comprends que tu as écrit “The Virus” en réponse à “What’s Going On” de Marvin Gaye… Pourquoi cette réponse? Un évènement en particulier? Ou plutôt dans un sens plus général, comme “plus ça change, plus c’est la même chose?”… ou pour d’autres raisons?



Mighty Mo Rodgers: “What’s Going On” de Marvin Gaye, c’est un chef d’œuvre. “The Virus” tente de répondre à cette question cryptique. Le catalyseur était ce mot qui commence par “N” (*) et son omniprésence incroyable. C’était la marque des Afro-américains, des esclaves, puisque les esclavagistes nous appelaient ainsi. Son utilisation, aujourd’hui, c’est pour nous rendre invisible. Et c’est une contradiction profonde, puisqu’en réalité nous sommes “The Blues People” (le peuple du blues). Le Blues, nous a libérés. De la part des gens les moins libres est venue la musique la plus libre. Le Blues et son jumeau, le Jazz… et n’est pas un hasard. D’ailleurs le concept de “race” est relativement récent. L’esclavagisme, lui, est très ancien. C’était un concept “normal”, un mode de vie. Mais aux 16ème et 17ème siècles, une nouvelle idée s’est développée… le racisme… qui servait de justification pour subjuguer des africains. Le racisme est un mensonge, car il n’y a qu’une seul race, la race humaine. De là venait la pire forme de racisme: la “désafricanisation” des esclaves africains dans le Sud-Est des Etats-Unis. Comment? En leur enlevant le tambour. Ce n’est pas arrivé comme ça en Amérique Centrale ou en Amérique du Sud. C’est pourquoi il existe toujours les polyrythmiques dans les musiques de ces lieux. J’ai évoqué ce sujet dans mon premier album, “Blues Is My Wailin’ Wall” avec la chanson “Took Away The Drum”. Et avec “The Virus”…. je continue à lutter… pour la santé mentale. Ca aussi, c’est une idée que j’ai retrouvée dans “What’s Going On”.

(*) NB de Ilene: La signification de “N” est à considérer comme étant une version crue, haineuse et raciste du mot “nègre”.


Ilene: “The Virus” fonctionne comme une diaspora Afro-américaine musicale. On trouve un peu de tout, mais en même temps c’est complètement cohérent. C’est un cours d’histoire, pour relier tous les points. Etait-ce ton intention originale?

Mighty Mo Rodgers: Lacan a expliqué ses positions en trois ordres : l’imaginaire, le réel et le symbolique. Je suis d’accord avec le principe, mais je commence avec le symbolique (“The Virus”), l’imaginaire (un album concept pour déconstruire la réalité) et le réel… ou la réalité historique – passée, présente, future. Mon concept original était de créer avec l’amour. L’amour de mon peuple, de l’Amérique et du Monde entier. Pour montrer d’une manière poétique que nous sommes… unis! Oui, “The Virus” est comme une diaspora musicale Afro-américaine, car j’essaye de faire voyager l’auditeur dans l’histoire. J’ai été minimaliste… pour laisser les histoires se raconter, toute seules. Pour moi, le Blues travaille tout seul… Je prie, j’écoute, je crie et je retranscris… ce que le blues me répond. Le Blues, c’est un être vivant!
J’ai débuté mon Odyssey Blues en 1999… Il y a 20 ans… pour dire et enregistrer des choses que je n’entendais pas. En effet, le Blues, n’est pas en forme… il représente moins de 2% du marché. Il n’y a plus beaucoup de musique originale, mais beaucoup de redondance et des chanteurs qui chantent des choses qu’ils ne connaissent pas et qu’ils ne comprennent pas…
Pour moi, ce fut un long voyage et ici, aux USA, j’ai été critiqué par ceux qui gèrent le marché des festivals, parce que je refuse de chanter ou écrire le même genre de chansons stupides qui est en train de tuer le cadeau que l’Amérique a donné au monde. LE BLUES, C’EST LA BANDE SON DE L’AMERIQUE.
…!

Ilene: On t’appelle parfois le “blues prophet”. Travaillant avec les Starlights à créer une ambiance sacrée. Et le fait que “The Virus” est ton 7ème album est une chose importante. Les paroles de “Troubled Times” sonnent d’ailleurs comme un morceau du livre des Révélations, dans la Bible… Tu nous dis que tu “vois des signes”… Quels sont ces signes et, selon toi, où nous mènent ils?

Mighty Mo Rodgers: Oui, on m’appelle parfois le “blues prophet”, mais je pense que je suis plutôt un Blues “farceur” (“Trickster”, en anglais)… En effet, un de mes prochains albums s’appellera “Blues Trickster”… comme l’esprit africain “Anansi”. Un “farceur” utilise et se sert du subterfuge, de la ruse et de la sagesse quand il parle… la vérité au pouvoir… ce que j’essaie de faire. Ce qui est impossible quand on est entouré par des Lilliputiens. Et oui, le “7” est symbolique pour ce 7ème album… “Troubled Times” est un parallèle au livre des Révélations car notre époque est vraiment troublée… Les Starlights sont un groupe de gospel incroyable et “The Virus” était un “bon album” avant l’addition des Starlights. Ce sont eux qui ont rendu cet album “passionnant”. J’en profite pour remercier mon co-producteur, Michael Dennis, “Mr. D…”. C’est lui qui a intégré les Starlights – qui ont déjà fait des chœurs avec Stevie Wonder – dans le projet. Ce sont de grands chanteurs, qui amènent un grand sens de spiritualité dans cet album. Et oui, je vois des signes. Je vois que l’Amérique arrive à un carrefour, un point pénultième (didactique)… où une route mène à la paix, l’amour et la compréhension, et une autre route mène à un enfer de sa propre création. Cela dépend si on écoute les bons anges, ou les méchants… Pour l’instant, tout semble s’empirer avant que cela ne s’améliore. Mais à la fin, la vérité gagnera. Et j’essaie de faire ce que je peux, entre temps, avec l’aide de mon blues.
Albert Camus a dit que la vie est absurde. Je ne le crois pas… et je pense plutôt que la musique peut nous offrir des moments “sains”. Et si on vit totalement chacun de ces moments, on vit dans l’éternité. La musique est la plus grande forme d’art qui existe, parce qu’elle est éphémère. Et le blues, c’est le texte vernaculaire (original) de la musique.

Ilene: Existe-t-il un remède contre “le virus”?




Mighty Mo Rodgers: Pour commencer, il faut reconnaitre la réalité: ce mot de “N”, c’est un virus. Un mot qui se répand sur le corps de l’humanité, métastasant comme une maladie psychique. Il faut comprendre que les mots ne sont pas que des sons. Les mots ont un poids. Certains sont légers, d’autres sont lourds. De nos jours, la plupart des gens parlent pour ne rien dire… nous n’écoutons plus. Nous entendons, mais nous n’écoutons plus. Et ce mot qui commence par “N” s’est glissé dans notre subconscient. Il est devenu tellement omniprésent que les gens l’entendent… sans y prêter attention. Ce que j’essaie d’accomplir est quasi-impossible. Mais comme Richard Pryor le dit, à la fin de mon album, ce mot qui commence par “N” représente notre misère. J’ai rencontré Richard Pryor, et on a dîné ensemble. Il était un génie comique mais il a laissé échapper le mot “N” de la Boîte de Pandore. Le seule vrai remède c’est de connaitre son histoire et d’admettre les péchés de ses pères. L’Amérique n’a jamais fait face à son histoire, celle des premiers habitants et la destruction systématiques des Premières Nations, puis l’arrivé des esclaves africains, pour travailler sur les terres volées. On n’a jamais eu droit à un tribunal de réconciliation, comme en Afrique du Sud. Et ce sera ainsi jusqu’à ce que l’Amérique accepte son passé… En attendant, pas grande chose ne changera.

Ilene: Merci pour le titre “Slave to a Word”. Est-ce que tu peux nous faire part de tes pensées sur le sujet? Pourquoi ce mot déshumanisant qu’est “N” ne veut pas s’effacer?

Mighty Mo Rodgers: Pourquoi ce mot déshumanisé ne veut pas s’effacer? Pour une raison, déjà: ce mot est devenu un produit qui fait vendre, tout comme les peuples africains (afro-américains) l’étaient à l’époque. Mais j’ironise… ce mot pour les esclaves sert maintenant de badge d’honneur pour beaucoup trop de gens qui croient que le mot “N” a, depuis, changé de signification. Bien sûr, ils veulent le croire. En fin de compte, on justifie souvent des mauvaises choses pour rester “bien” dans sa tête. Mais ne nous y trompons pas, l’utilisation de ce mot est pour nous rappeler tous les maux de l’esclavage. Ce mot de “N” est traumatisant, un mot qui rend n’importe qui qui l’utilise, blanc ou noir, complice dans la dialectique négative, de déshumanisation en cours… C’est bestial… Il n’y a ni lumière, ni amour dans ce mot.
La plupart de gens ne se rendent pas compte du pouvoir des mots. Le mot “N” nous tue comme peuple et il détruit tout le travail que le Dr King a fait pour nous… Il est la raison de sa mort. Ce mot est l’antithèse de l’amour et il vient de l’indifférence… et donc à l’opposé de l’amour. “Slave To A Word” était très difficile à faire. Mon ingénieur du son a modifié ma voix dès que l’enregistrement était terminé. Le mot “N” est un mot étrange, le plus étrange, à mon avis, dans la langue anglaise. Aux USA, nous sommes choqués du fait que des rappeurs parlent mal d’autres groupes ethniques. Lorsque Michael Jackson s’est servi d’un mot très négatif sur son album “HIStory: Past, Present and Future,” il a été fortement critiqué, son album a été immédiatement retiré de la vente et une nouvelle version a été produite. Ce qui me semble normal. Mais on remarque que les rappeurs ont le droit de dénigrer leur propre peuple. La raison? C’est du marketing. Du commercial pur! Ces albums se vendent bien, et même très bien, et il est devenu presque obligatoire d’inclure le mot “N” dans le rap. C’est fou! Deux des plus grands rappeurs du business, Jay-Z et Kanye West, ont fait un morceau qui s’appelle “Niggers In Paris”. Ils ont fait une vidéo aussi, une grosse production. Encore pire, ils se sont servi d’un sample d’Otis Redding pour cette piste. On entend sa voix magnifique et sa musique, au fond, pendant qu’ils “rappent” avec des paroles vulgaires et simplistes au-dessus de sa voix… Cela m’a donné envie de pleurer! Quelle honte de renier son histoire, celle de Paris et celle du peuple noir. Mais l’argent parle, et cela justifie presque tout. Je sais qu’ils ont dépensé beaucoup d’argent pour inclure cette chanson dans leur rap… et ainsi la vulgarité a été mise en valeur, comme un art, et si ça vend, ça justifie tout. C’est malheureux, c’est fou! Mais le Rap n’a pas toujours été comme ça. Public Enemy avait lancé un défi, “Fight The Power”… Wu-Tang Clan aussi, et d’autres, comme Common. Qu’est-ce qui s’est passé? Dans les années ‘50 et ‘60, pendant le mouvement des Droits Civils, on n’entendait pas le mot “N”. C’était honteux de le dire en public. On ne l’entendait qu’en privé. Il est devenu public pour la première fois avec Richard Pryor. Il a même gagné un Grammy avec le mot “N” dans ce morceau. Un peu plus tard, les hip hoppers sont devenu dingues de ce mot. Et aujourd’hui, dans le rap, il est presque obligatoire de s’en servir, sinon on n’est pas “crédible”. Dès que les corporations en Amérique ont compris, grâce à Richard Pryor, qu’ils pourraient en tirer profit, le rap est devenu un produit à vendre sur Wall Street, comme ces esclaves, à une époque. 
Mais je partage ma lutte avec les faiseurs d’opinion du monde du hip-hop. Je les mets au défi de faire mieux. Et de mettre les principes à la première place, au lieu des profits. Je viens leur donner leurs papiers de “manumission” (geste qui avait valeur d’acte juridique durant l’antiquité romaine). Car ils travaillent avec un handicap. Les utilisateurs du mot “N” ne seront jamais libres ou à égalité avec les blancs, parce qu’ils s’identifient avec l’étiquette de l’esclavagisme. Quand on se sert du mot “N”, on répond encore à l’appel de son maître.

Ilene: J’adore l’esprit rétro du style années ‘70 de la piste “All Money Aint Good Money”. Après tout, tu as écrit pour Motown… mais même cette piste a un côté “musiques du monde”. Je dois aussi ajouter le fait que nous sommes toujours fascinés par ton projet “Griot Blues” avec Baba Sissoko. Quelle influence a-t-il eu sur ton évolution, en tant qu’artiste?

Mighty Mo Rodgers: Travailler avec Baba Sissoko, c’était une révélation. Nous avons fait de la magie avec “Griot Blues”. Baba est un artiste de classe mondiale, qui travaille avec beaucoup d’autres artistes de classe mondiale. Il ne parle pas un mot d’anglais, et moi je ne parle ni français, ni italien ou malien. Heureusement, Luca Giordano parle anglais et italien, et il a traduit pour nous. Nous avons enregistré l’album en trois jours, en Lituanie. Quand j’ai fait “Griot Blues”, “The Virus” était déjà fini à 80%. Je l’ai mis de côté pour enregistrer “Griot Blues”. Car en travaillant avec Baba, j’ai eu une vision de musique africaine. On a mis un boogie sur “Griot Blues” parce que le boogie du style John Lee Hooker est très Africain. Oui, j’ai mis des beats du style Motown dans “The Virus”, et du Memphis et du reggae aussi… et du rap. Mon but était de transmettre l’universalité de la musique américaine et de raconter mon histoire, mon voyage, un voyage nécessaire. Ce disque est urgent, opportun… et intemporel. Quelqu’un a dit de “The Virus” que c’est “mon chef-d’œuvre”. Je ne dirais pas ça, puisque je ne fais que ce que j’entends dans mon cœur et ma tête… sachant que je ne suis qu’un conteur… de la Blues muse. J’ai délibérément créé une ambiance de musiques du monde. Je voulais faire appel à tous les âges, pas seulement à des fans de blues… même si je les aime tous.

Ilene: “Two Wings and a Biscuit” est peut-être ma piste préférée. Je me suis mise à sourire à travers mes larmes, en écoutant celle-là… C’est l’une des chansons les plus touchantes que j’ai entendues depuis longtemps. Pouvez-vous nous parler de ce qui vous a inspiré pour écrire cette histoire?


Mighty Mo Rodgers: “Two Wings and A Biscuit” vient d’un article j’ai vu dans le “LA Times”, il y a des années. Le morceau a dix ans, mais j’attendais le cadre idéal pour placer cette chanson. J’ai changé la fin, mais la première partie est exactement l’article que j’ai lu. Moi aussi, il m’a fait pleurer. D’une façon ou d’une autre, je vais retrouver cet article et honorer le combattant des droits civils qu’il mentionne et mettre son nom dans les notes que je rédige pour “The Virus”. Malheureusement, les fils noirs sont de la chair à canon… pour la violence des gangs urbains.

Ilene: Peux-tu nous parler de cette merveilleuse chanteuse, Margarett Floyd, que nous entendons dans dans “A Mother’s Prayer”?

Mighty Mo Rodgers: Margarett Floyd, qui chante “A Mother’s Prayer”, interprète ce titre superbement. Elle a une voix soul, “en or”, et elle avait déjà chanté quelques chansons sur mon troisième album. J’aimerais tourner avec elle, avec “The Virus”. Elle chante aussi la voix de la mère à la fin de “Bullets With Names” et elle fait des chœurs sur d’autres morceaux. Sa voix est incroyable. Tôt ou tard, je vais faire des vidéos pour tous les titres de “The Virus”. C’est déjà fait pour “Slave To The Word”.

Ilene: Vous êtes un gentleman et un érudit: je vois que vous avez préparé un Master sur le sujet du blues. Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez nous dire au sujet de votre thèse?

Mighty Mo Rodgers: Le nom de ma thèse est “Existential Blues” (une étude de la musique métaphysique). J’ai initialement fait ma thèse quand je travaillais sur ma maîtrise en Sciences humaines. C’était en 1996, avant que je ne publie quoi que ce soit sous le nom de Mighty Mo Rodgers. Mon intention, montrer la base philosophique de blues. La plupart de mes ‘heroes’ en Blues ne savaient ni écrire, ni lire, et, comme vous le savez, le blues vient d’une tradition orale. Pourtant, dans le monde occidental, le texte est tout. Mes preuves sont fondées sur la tradition occidentale du texte. Nécessaire… si l’on veut prouver empiriquement sa thèse. Et comme j’ai un diplôme en philosophie, je l’utiliserai pour mon analyse critique. J’ai soumis ma thèse, ils l’ont adorée et j’étais prêt à en faire la présentation orale… mais à ce moment-là mon premier disque “Blues Is My Wailin’ Wall” est sorti. J’ai mis l’oral et mes études de côté et j’ai commencé à faire des tournées en Amérique et en Europe. Six mois plus tard, en revenant en Amérique pour faire ma présentation orale, j’ai eu la frousse. Je me suis demandé: “Comment puis-je prouver ma thèse de manière intellectuelle sans prouver aux personnes qui l’ont créée?”. Le blues est, et sera toujours, existentiel pour moi, ce qui signifie que la vie est vécue. Les créateurs originaux de Blues vivaient tout en bas de la société du bas. Ils affrontaient des problèmes de vie et de mort quotidiennement. Même leurs propres “gens de la petite bourgeoisie”, “nouveaux riches nègres”, ont méprisé ces pauvres gens de la poussière… surtout les gens religieux. Et les Blues, cette musique métaphysique magique, est venue comme une grâce salvatrice pour les “définir” et nier le mensonge de leur néant. En fait, il définit tous les “peuples noirs” comme étant “le peuple des bleus”. Cela leur a donné une “armure morale” contre… l’abîme. Et voilà donc pourquoi je n’ai jamais fait mon oral, mais au lieu de cela, ma thèse a été réécrite pour un livre que je publierai sous le titre “X SOUL STENCH SHOW BLUES” (**). De toute façon, le blues n’est pas fait pour être dans un livre. C’est au-delà des mots, et même du son… et le blues est plus que le son! Mon livre et mon album sortiront en 2021. D’ailleurs je donne des cours à ce sujet dans les universités, mais même là… le texte est toujours secondaire à la tradition orale. C’est l’une des raisons pour lesquelles Baba Sissoko et moi avons si bien travaillé ensemble. Le blues, comme la musique africaine, sort du texte oral, que je nomme le texte oral vernaculaire (TOV).

(**) mot d’Ilene: écoutez l’interview originale, en anglais, sur Bayou Blue Radio pour l’histoire de ce titre, drôle et intraduisible… malheureusement. Pour écouter cette interview en angliais, cliquez ICI.

Ilene: Last but not least… Quand viendrez-vous jouer en France?



Mighty Mo Rodgers: Je ne viendrai pas en France avant 2020 (***). Je vais d’abord travailler sur des vidéos pour toutes les chansons de “The Virus.” Je suis aussi en discussion avec des tourneurs, car je vais certainement faire “The Virus” en tant que one-man show. Mon combat pour supprimer le mot “N” du vocabulaire des Afro-américains est un combat de haut niveau. Il y en a qui gagnent leur vie en utilisant ce mot d’esclavagistes. Et bien que cet album a été fait pour réveiller mon peuple, il est destiné à tous les braves gens qui aiment le blues.

“White folks need the blues
Like black folks need their freedom
And black folks need the blues
Like their mama used to feed ‘em”
Blues makes you sane
And silently you can hear it call your name
And Blues is not devil music
It comes from the Almighty
Thus it is Love
So no one can own it.
At best, if you are humble
You will be given some some Light
Many are called but few are chosen.”

(***) Ce sera le 14 mars 2020, au Théâtre Pierre Fresnay, à Ermont, en Ile de France. Billetterie en ligne ICI

Chronique de l’album “Griot Blues” (Mighty Mo Rodgers & Baba Sissoko): ICI

Chronique de l’album de Mighty Mo Rodgers “Dispatches from the Moon”: ICI

Site internet de Mighty Mo Rodgers: ICI

Page Facebook de Mighty Mo Rodgers (sous le nom de “TheBluesTrickster” – ce que MMR explique dans cette interview): ICI