Johnny Montreuil – Showcase à Rock Paradise, à Paris, le 14/09/2024

Johnny Montreuil - Showcase à Rock Paradise le 14/09/2024

Johnny Montreuil – Showcase à Rock Paradise, à Paris, le 14/09/2024. 
Texte et photos: Serge SCIBOZ, Paris-Move

Ça faisait des semaines, voire des mois, que le showcase de Johnny Montreuil à Rock Paradise, la Mecque du vinyle rock’n’blues à Paname, était en préparation. Souvent espéré, parfois sans plus y croire vraiment, l’optimisme sur des montagnes russes et la confiance en dents de scie, fébrilement, à tâtons, entre chien et loup et au forceps, il fallait néanmoins absolument caler une date au milieu du Zanzibar Tour et de l’agenda de ministre du Johnny Cash du haut-Montreuil. Et croyez-moi, ça ne fût ni une sinécure, ni une promenade de santé, en raison de l’engouement populaire qui gravite autour de la sortie de Zanzibar (chroniqué ICI et noté “indispensable” par la rédaction de Paris-Move) et depuis la prestation stratosphérique de Johnny Montreuil et de son gang à la Maroquinerie.

La preuve, la veille de ce showcase, Johnny et ses fidèles desperados mettaient le feu en ouverture de La Fête de l’Huma édition 2024, qui même délocalisée dans l’Essonne, n’en demeure pas moins une date importante dans la carrière d’un musicien, une date à marquer d’une pierre blanche. Ce grand rassemblement créé par Marcel Cachin aura vu défiler sur ses planches de La Courneuve des pointures du rock’n’roll et de la chanson contestataire et réaliste, telles que Léo Ferré, The Who, Chuck Berry, Jerry Lee Lewis, The Kinks, François Béranger, Jacques Higelin, Renaud, Dick Rivers, Little Bob, Les Wampas et bien d’autres… C’est énorme car quelles que soient ses propres opinions politiques, Johnny Montreuil et ses acolytes auront inscrit dans le marbre des archives de la Fête de l’Huma, leurs noms, non pas en filigrane, mais en lettres d’or indélébiles. Mais comme le stipule ce vieux proverbe du XVIème siècle: tout vient à point à qui sait attendre et ce satané showcase était bel et bien prévu pour le samedi 14 septembre, à 15h00.

Une fois n’est pas coutume, la rue Duranton à Paris 15ème, d’ordinaire si paisible et si bucolique, aura été le théâtre de l’invasion d’une bande de narvalos sans foi ni loi, en provenance directe de Montreuil City Rockerz. De sublimes narvalos sortis tout droit d’une BD de Margerin, d’un film de Georges Lautner en tant que sympathiques julots casse-croûte, du synopsis de Max et les Ferrailleurs, des aventures nocturnes de Gérard Lambert qu’il ne faut surtout pas faire chier quand il répare sa mobylette, d’un thriller de James Ellroy, du Ringolevio d’Emmett Grogan, des anars des faubourgs de Paris vus par Jacques Tardi… Exégètes du rock’n’roll, du hillbilly et d’une certaine idée de la banlieue, conjuguant la Croix de Chavaux et les Murs à Pêches de Montreuil, avec la vallée de l’Oklahoma et les plaines du Montana, des musiciens issus de la race des seigneurs, de ceux qui ne laissent pas béton et qui inscrivent “Place de ma mob” sur les murs des cités, en guise d’ultime et amicale recommandation et malheur aux chicots, aux côtes flottantes et aux cloisons nasales d’éventuels garçons-coiffeurs inconscients qui ne la respecteraient pas… Pour ces infortunés, il y aura toujours de l’Urgo dans l’air et du Mercurochrome pour repeindre leurs abatis endoloris en rouge écarlate.

Ponctuels et en parfaits professionnels, malgré la fatigue de la Fête de l’Huma et de ses afters d’épicuriens, aussi assoiffés qu’un lévrier afghan après une course sur cynodrome et leur emploi du temps aussi overbooké que celui d’un marchand de kébabs au métro Robespierre, le showcase pouvait alors démarrer sous les meilleurs auspices, malgré une formation réduite, car malheureusement, le guitariste Ronan Drougard (Rön Droogish), juste passé faire un petit coucou, ne pouvait pas rester. Le line up était le suivant: Johnny Montreuil au chant et à la contrebasse, Steven Goron (Visten Fatcircle) à la caisse claire et aux percussions, Kik Liard à l’harmonica et au tambourin (retrouvez ICI l’interview croisée de Johnny Montreuil & Kik Liard), et Marceau Portron à la guitare électrique. Et je peux vous certifier que ça tourne comme une horlogerie suisse, et que Johnny, malgré son pacifisme légendaire, tient-là une véritable machine de guerre.

Durant plus d’une heure, avec professionnalisme, générosité et bienveillance, des titres des trois albums Narvalo City Rockerz, Narvalos Forever et Zanzibar, (Les Facéties de LuluSam) ont été revisités pour l’occasion, devant un parterre d’irréductibles fidèles ou de néophytes tombés sur le cul, avec la banane et les yeux écarquillés, la petite étincelle au fond de ceux-ci qui ne voulait pas s’éteindre, qui ne voulait pas mourir, comme pour prolonger la nuit, comme pour conjurer le sort, comme pour retarder de quelques minutes le départ de ces narvalos.

Ils ont joué sublimement bien, comme si c’était la dernière fois, comme dans un état d’urgence absolu, comme si leur vie en dépendait. Ils ont joué avec la même énergie et la même intensité qu’à la Maroquinerie. Pour moi, il ne s’agissait pas d’un showcase aux perspectives mercantiles, mais purement et simplement d’un énième concert de Johnny Montreuil, une prestation exceptionnelle à lézarder les murs de Rock Paradise et des immeubles haussmanniens avoisinants et à faire fondre les sillons des vinyles, qui ne savent plus à quel saint se vouer, ni s’ils doivent respirer en 45 ou en 33 tours. Car il est vital d’aller chercher le moindre néophyte, les deux pieds calés dans ses starting-blocks et les neurones encore anesthésiés par d’infames diktats médiatiques, avec les dents ou à la force du poignet, de le convertir et de le faire ainsi adhérer à la cause de Johnny Montreuil, comme on entre en religion ou en politique. Merci et bravo à Johnny et à ses précieux musiciens, qui auront une fois de plus, mouillé leurs liquettes et donné du rêve, même chimérique, au milieu de cette utopie collective d’éternels adolescents qu’on appelle rock’n’roll. Total respect!

Merci à Patrick Renassia, boss de Rock Paradise, d’ouvrir les portes de son échoppe à la culture pluridisciplinaire.
Rock Paradise: 42, rue Duranton, 75015 Paris.
Métro: Boucicaut

Texte et photos: Serge SCIBOZ, Paris-Move

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Très important:
Johnny Montreuil sera en concert exceptionnel à La Cigale, à Paris, le 29 octobre 2024.
Billetterie en ligne ICI