Americana |
Nous vous avions présenté Drew Holcomb voici bientôt cinq ans déjà, à l’occasion de son avant-dernier album à ce jour (“Dragons”, chroniqué ICI). Celui-ci ne nous avait alors pas laissé grande impression, puisque vanter les plaisirs de la vie maritale peut sans doute réjouir la frange la plus conformiste du public de l’americana, mais ce n’est pas là que nombre de nos héros tels que John Prine, Guy Clark, Steve Earle ou Townes Van Zandt puisèrent l’essentiel de leur inspiration. Et puisque je fais partie des atrabilaires pour qui consensuel s’écrit en deux mots distincts (et ce, bien que Drew soit quasiment mon sosie: méfiez-vous des contrefaçons), c’est avec une certaine circonspection que j’aborde le premier album que ce dernier co-signe à part égale avec Ellie, sa régulière. De quoi vont-ils bien pouvoir nous entretenir cette fois? Des joies du jardinage? De celles de la conduite des petits à l’école, des barbecues en famille et des veillées pastorales au coin de l’âtre? Bref, j’avoue que j’abordais l’écoute de ce disque avec une appréhension non feinte… Et ça n’a pas raté: ces imprudents ayant pris le risque inconsidéré d’imprimer leurs lyrics sur le livret afférent, la plage titulaire célèbre déjà leur départ en vacances! La musique n’en pâtit toutefois pas, et c’est probablement un minor contemporary country hit en puissance (il n’est pas fortuit qu’ils y citent Fleetwood Mac et Jack Kerouac dès le premier couplet). Avec le langoureux “Rain Or Shine” qui suit, ils nous la jouent Johnny et Rosanne Cash (dialoguant à la manière de Stone et Charden dans “L’Aventura”), avec Mickey Raphael à l’harmo façon Charlie McCoy. Ils poursuivent cette ligne avec un “Never Let You Go” qui n’aurait pas déparé le nunuche “Harvest Moon” de Neil Young (même les plus grands ont leurs ups & downs), si ce n’est qu’on croirait plutôt y entendre Bread ou les Carpenters. Après cette élégie, “Where You Gonna Go” résonne comme une admonestation (que vas-tu devenir si tu me quittes, ballot?), tandis que le sirupeux slow rétro “High Seas”, s’il met effectivement en valeur l’impeccable harmonie vocale de nos tourtereaux, ferait presque passer le “When A Man Loves A Woman” de Percy Sledge pour une scène de ménage. Impossible à écouter sans déclencher une poussée subite de diabète! La gospel-tinged folk lullaby “Maybe You Will” continue d’enfoncer quelques portes grand ouvertes (“It’s a miracle we’re living, in a world that’s always spinning / It’ll still be spinning when we’re gone”, ce genre…), et on a beau se persuader que certaines des complaintes qu’entonnait en son temps Pete Seeger ne frayaient guère plus haut, on ne s’en trouve pas moins importuné pour autant. Leur reprise inopinée du “Shut Up And Dance” de Walk The Moon tombe alors à pic, puisque c’est à peu près le seul conseil qui me vienne à l’esprit sur le moment! Incorrigibles, Mr & Mrs Holcomb ne peuvent cependant s’empêcher de reprendre le cours de leur propos conjugal, et leur chaloupé “You Drive Me Crazy” commente avec malice les menues frictions du couple au quotidien. Première des deux compositions que Drew propose seul, “Bones” perpétue la tradition bluegrass appalachienne (steel guitar et violon compris), avant que le languide “Brick By Brick” (que chante en lead Ellie, et qu’elle co-signe avec un certain Taylor Leonhardt) ne rejoigne la veine traditionnelle d’Emmylou Harris, Grey DeLisle et Dolly Parton, avec la splendide pedal-steel de Nathan Dugger à la clé. Lui aussi crédité à Drew seul, le romantique “We Can Go Dancing” s’inscrit dans la veine de Simon & Garfunkel et des Milk Carton Kids. La piano driven ballad “Silver Thread” (featuring Nathan Dugger au clavier), et surtout la splendide (et hautement poétique) “Carry The Water” concluent heureusement cette galette sur un mode moins anecdotique. Leur producteur, Cason Cooley, co-signe avec eux une bonne moitié de ces titres, et croyez-le ou non, même leurs managers respectifs sont eux aussi en couple… Si ce n’est pas votre cas, l’essentiel des thèmes ici abordés risque de vous laisser de marbre… Et même si ça l’est, une bonne part de tout ceci vous paraîtra peut-être quelque peu désuet. Il paraît cependant qu’il existe un public pour ça, et nous n’en doutons pas.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, May 8th 2025
Follow PARIS-MOVE on X
::::::::::::::::::::::::::
ON TOUR
JUN 28, 2025: Mississippi River Festival, Alton, IL
JUL 18, 2025: Jane Pickens Theatre, Newport, RI
JUL 19, 2025: The Music Hall, Portsmouth, NH
JUL 26, 2025: State Theatre, Portland, ME
AUG 1, 2025: Shalin Liu Performance Center, Rockport, MA
AUG 2, 2025: Katherine Hepburn Cultural Arts Center, Old Saybrook, CT
AUG 14, 2025: The Paramount Theatre, Austin, TX
AUG 15, 2025: Majestic Theatre, Dallas, TX
AUG 16, 2025: The Heights Theater, Houston, TX
AUG 17, 2025: The Jones Assembly, Oklahoma City, OK
SEP 6, 2025: Ding Music Festival, Weymouth, MA
Medicine 10 Year Anniversary Tour:
SEP 25, 2025: Georgia Theatre, Athens, GA
SEP 26, 2025: The Orange Peel, Asheville, NC
SEP 27, 2025: Greenfield Lake Amphitheater, Wilmington, NC
SEP 28, 2025: The Jefferson Theater, Charlottesville, VA
Drew & Ellie Holcomb’s Neighborly Christmas Special
DEC 5, 2025: Orpheum Theatre, Memphis, TN
DEC 12, 2025: Schermerhorn Symphony Center, Nashville, TN