Warren Haynes – Ashes & Dust

Provogue
Blues

Avant tout le monde, on a eu Dylan. Le genre à rebuter ses premiers fans en électrifiant sa guitare, jusqu’à en pousser certains à hurler à l’hérésie. Puis vint Neil Young, capable quant à lui d’alterner albums country et cavalcades électriques, quitte à s’aliéner tour à tour une part non négligeable de sa clientèle. Laissons donc Bowie (qui érigea le changement permanent en principe de carrière), et venons-en à Ben Harper. Un cas, capable de célébrer avec la même ferveur Led Zeppelin, le révérend Gary Davis, Bob Marley et Marvin Gaye! Eh bien, aucun de ces énergumènes ne parvient néanmoins à surpasser l’éclectisme revendiqué de Warren Haynes. Au fil du dernier quart de siècle, le frontman de Gov’t Mule a non seulement trouvé le temps de servir l’Allman Brothers Band et le Grateful Dead, mais, que ce soit au sein de sa propre formation ou en solo, de pratiquer avec le même bonheur les répertoires des Stones et de Pink Floyd, ainsi que le jazz-fusion et le reggae. Après un second album solo à la couleur soul assumée, le voici à présent d’humeur pastorale, pour un opus qui séduira autant les fans de Gram Parsons que ceux du “Harvest” de Neil Young. Violon, mandoline et banjo en picking côtoient donc cette fois la slide fluide et virevoltante qui établit sa marque. Le timbre gouleyant du guitar-hero évoque ici davantage le vent dans les magnolias que la rocaille du vieux Sud. Mais qu’il est beau, aussi, le repos du guerrier!

Patrick Dallongeville
Paris-Move

Warren Haynes