TOO SLIM & THE TAILDRAGGERS – Brace Yourself

Vizztone
Blues-Rock
TOO SLIM & THE TAILDRAGGERS - Brace Yourself

Bon sang, ce qu’on les aime, ceux-là! En activité depuis plus de 35 ans déjà, ce trio de Spokane (désormais relocalisé à Nashville) en aura vu défiler, du monde (plus de six bassistes et cinq batteurs!), mais le dénommé Tim “Too Slim” Langford n’en demeure pas moins toujours aux commandes et aux avant-postes, tandis que sa section rythmique actuelle s’avère l’une de ses plus fidèles et efficaces à ce jour. Sur leur vingtaine d’albums parus, cinq furent enregistrés live, et celui-ci (capté en plein air à la maison, dans leur État d’origine de Washington) vient donc en augmenter la liste, puisque la scène demeure plus que jamais leur biotope naturel. S’ouvrant sur l’hymne aux accents fogertyens “Mississippi Moon”, le bestiau offre derechef deux pistes de décollage aux soli enflammés du leader, et la foule salue cette mise en bouche avec l’enthousiasme de rigueur, avant que le gang Langforg n’enchaîne sur le lascif et funky “Fortune Teller” (sans relation avec celui de Naomi Neville que reprenaient les Dogs et les Stones). Nouveau solo incendiaire, tandis que les deux autres assurent derrière comme au temps des blues-rock power trios historiques. Sans laisser le moindre répit à son audience chauffée à blanc, “Cowboy Boot” embraye sur le même registre, et la bacchanale prend furtivement une tournure psychédélique, avec ses chœurs et deux soli rappelant les riches heures du Grateful Dead (bien que d’une durée nettement plus concise). Les bandes furent mixées par Zach Kasix, bassiste de la formation, et si son propre instrument bénéficie naturellement du mastering, on ne peut toujours en dire autant des pistes de batterie, dont la puissance porte parfois préjudice à la clarté. Nous vous proposons d’y remédier en corrigeant le pitch de votre equalizer (il suffit de diminuer les basses en augmentant les aigus): les cymbales y gagneront en brillance, et l’ensemble atténuera ainsi l’excès de réverbe fangeuse qui dessert ce brave Jeff “Shakey” Fowlkes. On l’avait signalé lors de la parution de “The Remedy” (chroniqué ICI sur Paris-Move), les Traildraggers actuels ne répugnent pas à emprunter les chemins du classic rock (“Givers & Takers”, “Letter” ou ce “Free Your Mind” que l’on croirait téléporté depuis le Haight & Ashbury de 1967), voire du southern rock épique (“When Whiskey Was My Friend” et sa wah-wah à tête chercheuse). Avec sa guitare aérienne et son jeu de toms inspiré de celui de Mick Fleetwood, le languide “My Body” épouse les atours du Peter Green d'”Albatross”, avant de s’évanouir sur un final en crescendo. Plage titulaire de leur album de 2016, le confondant “Blood Moon” et “Twisted Rails” évoquent pour leur part le heavy-blues de Robin Trower (fortement réminiscent de celui du défunt gaucher Jimi). La wah-wah y adopte les tonalités brûlantes que les circonstances imposent, tandis que le riff aborde les ponts en vrille ascensionnelle. Ces sommets achèvent de mettre la foule en transe, avant que les trois mousquetaires ne la saluent sur le frénétique et jubilatoire “Good Guys Win”. Déconseillé aux puristes, un album que nous recommandons par contre aux amateurs de good time blues-rock, férus de furia guitaristique de bon aloi et de viriles empoignades rythmiques.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, August 10th 2022

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