TOO SLIM & THE TAILDRAGGERS – The Remedy

Vizztone
Blues-Rock
TOO SLIM & THE TAILDRAGGERS - The Remedy

Souvenez vous: Little Charlie & The Nightcats, Johnny Nitro & The Door Slammers, Anson Funderburgh & The Rockets, Lightnin’ Willie & The Poor Boys, Mike Morgan & The Crawl… On était au beau milieu de ces foutues années 80, et aux States, les rockin’ blues bands éclosaient comme les pleurotes dans les sous-bois humides. Pour son vingtième album en presque 35 ans, le trio de Spokane (désormais relocalisé à Nashville) démontre qu’il tient encore la route. Oh, certes, ne demeure plus de la formation d’origine que le chanteur-guitariste Tim Langford (auquel le sobriquet “famélique” semble correspondre de moins en moins), et l’exubérance de leurs débuts laisse désormais place à un boogie-blues souvent voisin de ce que délivrait ZZ Top il y a quarante ans. Ce sont d’ailleurs ces barbudos texans qu’évoque d’emblée le “Last Last Chance” introductif. Eux, et les Stones aussi, pour ces riffs réminiscents de Chuck Berry. Aux racines de tout ce fatras, on retrouve couramment l’ADN de cet apprenti coiffeur de Saint-Louis, qui sut imposer sa synthèse entre rhythm n’ blues, country et shuffle égrillard. Soit la formule qui nous occupe encore 65 ans plus tard, et qui aura inspiré presque autant de générations que le hip-hop n’a samplé Clyde Stubblefield. Avec son boogie riff caractéristique, “Keep The Party Rollin'” n’est qu’une variante de plus de “La Grange”, tout comme “Devil’s Hostage” s’en avère une de “Jesus Just Left Chicago”, tandis que “Reckless” puise aux sources du diddley-beat, et qu’avec sa slide lubrifiée au kérosène, la reprise du “Sunnyland Train” d’Elmore James doit refiler de l’urticaire aux mollets blêmes de Jeremy Spencer. Avec sa wah-wah brûlante, la plage titulaire emprunte quant à elle des sentiers hendrixiens (avec un méchant détour par Robin Trower), mais Langford est également un fin banjo player, comme en témoignent le lancinant “Sure Shot” (culminant en une cavalcade digne du “Deliverance” de John Boorman) et le chaloupé “Snake Eyes”. Trois harmonicistes s’invitent tour à tour (l’impressionnant Jason Ricci sur le funky “Platinum Junkie”, Sheldon Ziro sur “Keep The Party Rollin'”, et Richard Rosenblatt sur le Creedence-swamp “Think About That”), mais ce sont bien les guitares qui demeurent ici reines des pistes. En slalom, en piqué ou en looping, Too Slim demeure un artilleur de première, une sorte de Baron Noir dans sa catégorie, qui vient donc d’accrocher un trophée de plus au tableau de chasse de ses Taildraggers.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 19th 2020

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