| Southern rock |
Après leur envol, nos Rapaces Nocturnes revendiquent à présent leur fierté légitime. Celle d’accéder enfin au long format, après deux EPs certes déjà prometteurs (dont le second fut chroniqué ICI). Et ils n’ont assurément à rougir de rien, tant le saut qualitatif accompli en trois ans se révèle manifeste. Le lead guitariste Yvon Lucas s’y taille la part du lion, puisque (assez singulièrement) son alter ego Fabien Brisset ne figure pas au générique. En introduction instrumentale, l’ombrageuse “Before The Storm” semble en effet annoncer quelque orage, avant que la voix du toujours impeccable Olivier Hy n’investisse le tubesque “Child In Your Heart”, dont la facture n’est pas sans rappeler ce que fourbissait voici quarante ans le Foreigner de Mick Jones. Avec cinq compositions originales sur onze titres, cette rondelle traduit en outre la confiance croissante de nos Havrais en leur songwriting. Mieux mis en valeur par une production plus aboutie, les atouts de la formation sautent plus que jamais aux tympans. Toujours portés par une rythmique puissante et nerveuse, les chœurs que prodiguent les voix démultipliées et les entrelacs de guitares en harmonie restituent une southern U.S. flavor comme on en a rarement ouï en terre hexagonale. Plus convaincante encore, cette impression s’accentue sur des originaux survitaminés tels le heurté “Sing My Song” (au beat et aux breaks évoquant des Red Hot Chilli Peppers jammant avec Jon Anderson) et “Rock In Hell”. Seule reprise de Blackberry Smoke, “Prayer For The Little Man” côtoie celles du saignant’ “Rosalie” de Bob Seger (qu’ils mâtinent sur la coda du riff de “The Boys Are Back In Town” de Thin Lizzy), et du “With A Little Help From My Friends” des Scarabées (en mode Cocker/ Grease Band à Woodstock). Pour conclure, nos amis délivrent en bonus une version d’anthologie de leur propre “Nobody’s Pride” (dont une première mouture figurait déjà sur leur EP “Rise” paru il y a trois ans). À l’heure où les voyages transatlantiques en avion sont largement déconsidérés, la Floride, la Georgie et l’Alabama ne sont définitivement plus qu’à quelques heures d’autoroute. Nuée de bikers en perspective sur la Seine-Maritime!
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, July 20th 2023
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