Blues |
Que de chemin parcouru en sept ans pour ce quatuor nantais! Après un premier album inspirant en 2021 (chroniqué ICI), ils ont persisté à labourer les multiples sillons de leurs références. Leur harmoniciste émérite, Thomas Troussier, a ainsi contribué à l’album de Cocodri (chroniqué ICI), tandis que leur chanteur et guitariste, Thomas Troussier, officiait en parallèle au sein des Lowland Brothers aux côtés de Nico Duportal (chroniqués ICI et ICI). Ils franchissent un pas de géant (au propre comme au figuré), puisqu’ils sont cette fois partis en Californie, y enregistrer dans le mythique studio Greaseland de San Jose sous l’égide du proprio, Kid Andersen (où les précédèrent des anonymes tels que Chris Cain, Tommy Castro, Lara Price, Nick Moss, Monster Mike Welch, Rick Estrin & The Nightcats, Diunna Greenleaf, D.K Harrell et les Lucky Losers). En deux reprises et neuf originaux, nos Buds témoignent à nouveau de leur versatilité, tout en continuant à ancrer leur musique dans une tradition plus que jamais contemporaine, ainsi qu’en témoigne le “Strugglin’ and Shufflin’” d’ouverture (dont la claudication s’inscrit de plein droit dans la veine sacrée de Chester Burnett). “I Lost My Crown” reprend quant à lui la ligne poisseuse du Hills Country blues de RL Burnside et consorts (sans s’éloigner davantage de celle du Wolf), tandis que “Devils Night” propose un détour par le bayou louisianais (et que Troussier y embouche le chromatique pour évoquer les sonorités de Clifton Chenier), avant que les ombres du Loup et des T-Birds originels n’enveloppent le hanté “The Freeloader” (où Genouel se fend d’un fulgurant solo électrique). Entre le Creedence de “Bootleg” et le “13” du regretté Lester Butler, “Nothing To Lose” défile au galop et l’obstiné “Get It On The Right Track” se scarifie de la slide virevoltante et de l’harmo entêtant de ses frontmen. Plus Texan que nature, “Mud On My Knees” rappelle les frasques passées de Mike Morgan, Anson Funderburgh et Smokin’ Joe Kubek, aux riches heures du Antone’s Club d’Austin. Autant dire que les guitares y fusent comme à la parade, tandis qu’avec sa rythmique bondissante et ses chœurs possédés, “The Comeback” rappelle les First Nation Red Bone de “Witch Queen Of New-Orleans”. Première cover du lot, le “Devil Woman” des Red Devils épouse le beat buté, le phasing et l’echo-delay de l’original, pendant que l’harmo de Thomas y rend l’hommage qui sied au regretté Lester Butler et que la guitare de Max en fait autant envers celle de Paul Size. Dans l’esprit roots funk débridé de Cedric Burnside, “Guilty” présente un chorus incendiaire featuring Kid Andersen, avant que la reprise du “Nineteen Years Old” de Muddy Waters ne conclue avec pour guest Alabama Mike (bon Dieu, qui y tient donc ce barrelhouse piano?), manière pour nos galopins de prouver si besoin était la légitimité de leur filiation. On ne demande pas leur passeport à d’authentiques bluesmen, leur ADN suffit.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, October 15th 2025
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