THE BLUEST SKY

Autoproduction
Americana, Indie
THE BLUEST SKY

“Si encore j’avais porté un nom un peu cool, genre Ryan Adams, j’aurais pu me lancer en tant qu’artiste solo”, confesse en toute candeur Chuck Melchin. Ex-leader des Bean Pickers Union (collectif à géométrie variable, dont il demeura quinze ans durant le seul membre stable et permanent), il ne s’est finalement résolu à se séparer de ce faux nez que pour en adopter aussitôt un autre! Cette transition semble cependant se faire en douceur, puisque son premier album sous cette nouvelle identité comprend pas moins de trois reprises de l’ultime livraison du Syndicat des Cueilleurs de Haricots (la compilation “Greatest Picks” parue voici deux ans déjà, et chroniquée ICI): “Amy Jean”, “I Am James” et “Bulletproof Man”. Tandis qu’ils étaient alors les seuls inédits du lot, il n’y a guère d’efforts à faire pour en déduire que ces derniers préfiguraient de fait l’étape suivante que voici. Et bien que que le répertoire des Bean Pickers s’arrimât dans le courant intitulé (faute de mieux) americana/ alternative country, Chuck confesse avoir voulu, avec The Bluest Sky, “faire de la musique incitant davantage à accélérer au volant”. Sans abjurer pour autant ses racines, il en propose donc une mixture plus proche de ce que fourbissait le regretté Tom Petty (et dont l’origine est à rechercher chez Roger McGuinn et consorts, cf. le craquant “The Girl It Took The Universe”, avec le Hammond B3 et le piano de Duncan Watt). Si l’on ne croulait déjà sous les étiquettes saugrenues, on pourrait sans doute baptiser cela du power-country-rock. Ainsi de rockers tels que “Wake Up Suzy”, “Bunkhouse” (dont les lyrics “leave the garden to the rabbits/ let the corn rot in the fields” traitent d’une déréliction mal circonscrite), “Belly To The Bar” (compte rendu clinique d’une drague suspecte au comptoir), ou encore ce “Bulletproof Man” que défonce une rythmique pied au plancher avec le killer piano de James Rohr. Même si les languides “New Berlin” (“my father worked this farm, like his father did before, God knows I tried, but I can’t work it anymore”, pedal steel included) et “Drive Through Confessional” rappellent encore leur précédente incarnation, avec la solide assise que lui procurent David Westner (bass & drums) et les guitares électriques de Andy Santospago, The Bluest Sky ressemble presque déjà à un vrai groupe. L’avenir nous dira si cette impression est destinée à perdurer, mais d’ici là, voici déjà neuf goûteuses pépites à déguster sans modération. Et ce n’est pas si mal, de la part d’un type au blase aussi peu glamour.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 17th 2023

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