THE BEAN PICKERS UNION – Greatest Picks

Autoproduction
Americana
THE BEAN PICKERS UNION - Greatest Picks

Sous l’égide de Chuck Melchin (son seul membre permanent), le Syndicat des Cueilleurs de Haricots (basé à Cambridge, Massachussetts) n’a publié que trois albums depuis sa fondation en 2006 (ainsi qu’un EP quatre titres). Un peu à la manière d’un Howe Gelb, ce bon Chuck (guitare et chant) anime ce collectif à géométrie variable, alternant les musiciens au gré de leurs disponibilités et des nécessités de ses arrangements (on en recense ici pas moins de 22). Issues de “Potlatch” (2007), “Better The Devil” (2012) et “Archaelogy” (2019), les 14 premières plages de cette collection survolent donc quasiment  le même nombre d’années, mais comme Chuck tenait aussi à donner des nouvelles fraîches, il y ajoute en bonus tracks 4 inédits récents. Ouvrant le ban, “16 Pounds Of Mary” plante le décor sonore et thématique: sur une lap-steel atmosphérique dans la veine d’un Ry Cooder, on se trouve transporté en plein “Paris, Texas”, à l’évocation de cette mère célibataire acculée à devoir vendre sa maison, faute de ressources à même d’assurer la subsistance des siens. Sur une trame rythmique et harmonique tex-mex, “Burning Sky” emprunte ensuite son climat à Calexico et Flaco Jimenez, tandis que “Reaper” épouse la facture du North Mississippi Hill Country blues. Dénominateur commun aux 18 plages qui composent ce “Best Of”, Melchin met un point d’honneur à en articuler chacune sous un angle narratif à la fois poétique et concret, tout en en diversifiant les approches selon le vaste éventail de ce que l’on désigne de nos jours sous le terme d’Americana. Il n’hésite donc pas à convoquer un trio violoncelle-piano-violon sur “Strange”, et non plus à embaucher le southern guitar picker virtuoso Bob Metzger pour le country-rock “I Am Sorry”, ou encore le banjo maestro Bow Thayer sur les bluegrass “Tranquility” et “Sometimes I Just Sits”. Dépeignant non sans nostalgie un monde en voie de déperdition (“Photograph”, ou “Broken”, extrait de l’E.P. “Caterwaul” de 2017), ainsi que les victimes collatérales de ce processus (“Philemon” et “Warrior”, décrivant sur un mode éminemment skynyrdien les tourments d’un vétéran de retour au pays), il ne dédaigne pas le southern-rock, ainsi de “Independance Day” (dans la veine du regretté Tom Petty), sur lequel un certain Eric Lichter assure les parties d’orgue, de piano, de basse et de batterie, et de “Glory”, dont la puissance de feu rappelle les Dusters de Ken McMahan, avec sa bordée de guitares électriques en furie. Des perles telles que le languide “Down” n’auraient de surcroît pas déparé les premiers Doobie Brothers et Little Feat. Parmi les inédits, “Bulletproof Man” dépote comme Jerry Lee Lewis (avec le pumping piano frénétique de James Rohr), tandis que “I Am James” et “Amy Jean” renouent avec la geste de Tom Petty, orgue et slide à l’appui. Ce panorama se clôt sur l’élégiaque et acoustique “She”, ourlé de pedal steel, ainsi que d’un violon et de piano. Une belle introduction à un artiste dont l’éclectisme ne dessert en rien la cohérence.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, August 9th 2021

::::::::::::::::::

THE BEAN PICKERS UNION – Greatest Picks: un album à commander sur leur Bandcamp, ICI

Bean Pickers Union “Greatest Picks” promo featuring the song “Warrior”: