Musique de film

Le pianiste, compositeur et multi-instrumentist Grec Stavros Lantsias (déjà chroniqué dans ces colonnes ICI et ICI) n’a jamais dissimulé sa dévotion envers Ennio Morricone, dont il découvrit l’œuvre en franchissant les portes d’une salle de projection du “Cinema Paradiso” de Giuseppe Tornatore. Irrémédiablement tombé sous le charme et l’éclectisme de l’œuvre immense du Maestro, Stavros piaffait dès lors de lui rendre hommage depuis des lustres. C’est à présent chose faite, à la tête de son quartet (Andreas Polyzogopoulos à la trompette et au flugelhorn, Mihalis Kalkanis à la contrebasse, et Michael Kapilidis aux baguettes). Sans surprise, Stavros adapte ici trois titres issus de sa B.O. épiphanique, mais le respect manifeste qu’il porte au compositeur romain ne le cantonne toutefois pas à la reproduction stérile de ses œuvres, qu’il se permet au contraire d’arranger à sa manière. Ainsi de “Chi Vai” (B.O. chez nous du “Professionnel” de Georges Lautner et de la pub Pédigrée Pal), sa contrebasse jouée à l’archet comme un violoncelle, ou de “Cockeye ‘s Song” (de “Once Upon A Time In America”, revisité à la manière du Miles Davis de “Ascenseur Pour l’Échafaud”), ou encore du “Friends” du même score (à la sauce smooth jazz façon Herb Alpert), ainsi que du fameux thème de l’Homme à l’harmonica d’ “Il Était Une Fois Dans l’Ouest”, de celui de l’ “Adieu À Cheyenne” du même film (transposé ici en reggae jazzy), ou même de celui du “Clan Des Siciliens” de Verneuil, traité façon tango argentin à la Piazzola. Figurent également au menu le thème du “1900” de Bertolucci, du “Bon, La Brute Et Le Truand” de Leone (transposé dans les Balkans) et de The Mission” de Roland Joffé. Occasion de redécouvrir un pan de notre patrimoine cinématographique commun sous un jour inédit, ce splendide album ravira jusqu’à ceux qui ne vont jamais (plus) au cinéma. Un authentique coup de Maître.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 4th 2023

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