Folk |
Cela fait bientôt trente ans qu’ils sévissent en collectif, mais en dépit de leur nom, ils n’ont rien à voir avec Spontex, et encore moins avec Bob l’Éponge… Par-contre, mon dictionnaire Gaffiot latin-français indique, pour spontis, “volonté sincère” (qui donna ensuite chez nous “spontané”). Fondé en 1996 par quatre lycéens d’Auray, Spontus remporta le concours interlycées de musique traditionnelle “Félix Le Dantec” en 1997. Se distinguant rapidement par leur grande maîtrise instrumentale et leur non moins vaste connaissance du répertoire traditionnel de leur terroir (le Pays Vannetais), Erwan Bérenguer (guitares), Thomas Hurtel (contrebasse), Alan Paranthoën (violon) et Youen Paranthoën (accordéon) ont ainsi animé des fest-noz aux quatre coins de leur Bretagne natale, mais n’en publient pas moins leur neuvième album à ce jour. Ayant très tôt pris le parti d’interpréter leurs propres compositions, ils ne répugnent pas à injecter aux rythmes et thèmes de la tradition Breizh ceux de certains de leurs autres cousins Celtes. Ainsi de l’irrésistible gavotte instrumentale “Le Menuisier Aux Mains d’Or” qui ouvre le ban, à laquelle le violon et l’accordéon des frères Paranthoën confèrent des accents de jig irlandais. Mais la priorité dominante de cette galette bretonne demeure le chant, qu’il s’avère choral ou en canon, et ce en langage vernaculaire comme en français. C’est la ridée “Petit René” qui en offre le premier exemple francophone, tandis que la plage titulaire nous ramène à cette langue bretonne à la popularité de laquelle contribuèrent en leur temps Alan Cochevelou (dit Stivell), Glenmor, Gilles Servat, Tri Yann et Denez Prigent. Cette alternance se poursuit avec la polka piquée “An Dale”, dont l’accordéon n’aurait pas déparé le répertoire klezmer (pour peu qu’elle fût chantée en yiddish). Pour les paroles en breton, nos amis avouent volontiers s’être fait aider par de fins linguistes du cru (au premier rang desquels un certain Nolùen Le Buhé mais aussi Patrick Dréan, Marthe Vassallo et Elouann Le Sauze, ainsi que Sylvain Girault, Gigi Bourdin et Bertran Obrée pour les textes en français). Le paradoxe trompeur consistant à apposer des paroles contemporaines à des musiques traditionnelles se résout de lui-même au fil du rond de Loudéac “File Folle”, de la gavotte pourlet “Palez Ar C’hi”, du trikot “Ar C’helion” et du baleu “Les Gestes De Nos Frères”, tandis que deux autres instrumentaux (“La Riquenée Des Souliers Crottés” et “La Gavotte Des Copains”) complètent judicieusement le tableau. Finement illustré, le livret retranscrit à point nommé l’intégralité des textes (ainsi que leur traduction). D’une indéniable richesse instrumentale et vocale, voici donc une démarche patrimoniale contemporaine à rapprocher de celle (forcément plus urbaine) de Les Mécanos (chroniqués ICI l’an dernier). Du folk breton pas chiant pour un sou: on aura tout entendu!
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, July 22nd 2025
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