Sir’ Oliver Mally / Martin Gasselsberger – So What ? If…

ATS Records
Blues

Oliver Mally n’est visiblement pas du genre à rester les deux pieds dans le même sabot, à garder le même cap une fois les choses bien établies,…non, le lascar est du style équilibriste, aventurier, avec prises de risques, au fil des années et des rencontres : après la période électrique du ‘Sir Oliver Mally’s Blues Distillery’ (ref. le très bel album Bulletproof), un album solo beaucoup plus acoustique (‘Love is a Devil’ – noté ‘Indispensable’ par Blues Magazine) sa route a croisé celle du pianiste de jazz Martin Gasselsberger et il nous propose ici un album bourré de feeling, d’émotion pure, de sensations, de frissons.

La magie de la rencontre entre les deux musiciens venus d’horizons différents se sent dès les premières notes de ‘Green Light / Red Light’ que Oliver débute à la guitare acoustique avant que le piano de Martin Gasselsberger ne vienne le rejoindre, soutenu ensuite par l’accordéon de Klaus Paier, l’un des deux seuls invités. La magie se prolonge tout au long de cet album dont je me dois de vous souligner l’exceptionnelle qualité d’enregistrement : vous entendez, vous ressentez jusqu’aux notes à peine effleurées, vous êtes embarqués par les arpèges, et tout cela dans une ambiance feutrée, posée, qui fait de ce disque un grand moment d’émotion.
Tous les titres sont cosignés Oliver Mally / Martin Gasselsberger, à l’exception de ‘My Old Friend The Blues’, signé Steve Earle, et dont l’interprétation par le duo vous fait dresser les poils. Un des grands moments de l’album !

Après les trois premiers titres je me demandais comment cet opus allait pouvoir prolonger une telle densité de musicalité et d’émotion, mais dès le titre suivant, ‘Come a lil’closer’, je fus happé par le souffle magique qui jaillit de chacune des compos du duo, offrant ici une géniale alternance entre les volutes bleutées de la guitare de Oliver et les envolées du piano, si belles qu’elles en paraissent improvisées. Seconde invitée sur cet opus, Petra Linecker vous fera découvrir sur ce titre sa voix limpide comme une larme de cristal.
Le titre suivant, ‘Another Sad Goodbye’, vous fera vibrer la corde sensible jusqu’à faire mouiller les yeux du plus sec des machos – ou comment raconter l’errance d’un amoureux que sa dulcinée a quitté –, puis le duo sera rejoint par Klaus Paier (pour sa seule deuxième apparition) pour offrir un titre musical plus enjoué, ‘Spontaneous Combustion’, finement coloré, parfaitement ciselé. Inutile de vous dire que Martin Gasselsberger est ici plus qu’une découverte : une révélation !

Et lorsque la mélancolie douce qui plane sur cet opus s’évanouit parce que les dix titres sont passés vous n’avez qu’un réflexe, celui d’appuyer sur la touche ‘replay’ car non seulement ce disque vous prend aux tripes mais il vous fait vivre la musique avec une nouvelle élégance. Une élégance qui souligne la classe de Oliver Mally.
Lui qui nous déclarait ne plus se souvenir du pourquoi on l’avait affublé, jeune musicien, de ce surnom de ‘Sir’, qu’il ne se pose plus de question car après l’écoute de cet album on ne peut que se lever, le saluer et lui dire ‘Monsieur’,…’Sir’.

Un album ‘Coup de cœur’ qui mérite la note d’indispensable,….et le qualificatif d’exceptionnel !

Frankie Bluesy Pfeiffer
BLUES MAGAZINE©
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Sir Oliver Mally