Shemekia Copeland – Outskirts Of Love

Alligator / Socadisc
Blues

Il a vraiment eu les boules, Bruce Iglauer, quand sa pouliche de compète, la fille du légendaire Johnny Copeland, l’a largué sèchement après qu’il eut consacré près de huit années à l’ériger en tête de proue de son label. Quelles que soient donc les raisons du retour de la fille prodigue à la maison-mère (après deux albums remarqués chez Telarc), on peut être certain que daddy Bruce ne laissera moins que jamais rien au hasard. À la fois héritière d’une lignée qui l’inscrit notamment dans les pas d’une Etta James, et représentante de sa génération (elle n’a pas dépassé les 35 printemps), Shemekia n’est pas du genre à se laisser dicter sa conduite. La paire d’auteurs mis à contribution pour la plage titulaire (et un brelan d’autres) lui a mitonné des novelty-tunes sur mesure (amours adultérins dans des motels de passage, et gueules de bois consécutives). Sur le plan musical, peu de surprises: la jeune diva trempe toujours son soul-blues dans un rock plus ou moins stonien. Elle ne se refuse pas pour autant la traditionnelle reprise de son défunt papa (ici, “Devil’s Hand”, sur un rythme quasi-malien), ni même une incursion country sur “Drivin’ Out Of Nashville” (clin d’oeil probable à la ville où se tinrent ces enregistrements). La splendide ballade cuivrée “I Feel A Sin Coming On” témoigne néanmoins combien l’art de Shemekia reste irréductiblement ancré dans la soul sudiste (comme le confirme la cover du “Isn’t That So” de Jesse Winchester, sur le mode louisianais) et le gospel (le touchant “Lord, Help The Poor And Needy” qui clôt les festivités). La liste des guests (tradition Alligator oblige) comporte cette fois, outre Robert Randolph et Alvin Youngblood Hart, un Billy Gibbons en goguette pour une reprise du “Jesus Just left Chicago” des Top. John Fogerty ne s’est par contre pas déplacé pour celle (honorable) de son “Long As I Can See The Light”, pas plus qu’Albert King (et pour cause) sur son propre “Wrapped Up In Love Again”. Bref, un pied dans la soul et l’autre dans le rock, un bel album transgénérationnel, scellant la poursuite d’une collaboration entamée à la fin du siècle dernier.

Patrick Dallongeville
Paris-Move / Blues Magazine / Illico / BluesBoarder

 

Le huitième album de la Dame démarre avec le titre qui donne son nom à l’opus. Le ton est tout de suite donné: de l’énergie à l’état brut de fonderie! Shemekia ne revient pas avec la galette sous le bras pour faire dans la dentelle. Elle s’est d’ailleurs entourée de quelques gâchettes fameuses: Billy Gibbons, Alvin Youngblood Hart, Robert Randolph, sans compter la poignée d’autres musiciens talentueux dont Arthur Neilson, le fidèle compagnon depuis 1998. Une charmante compagnie qui vient en renfort accompagner le Band habituel d’Olivier Wood à la guitare, Jano Rix à la batterie, aux percussions et aux claviers, et Lex Price à la basse. Les 12 titres ont été enregistrés, mixés et masterisés à Nashville, Tennessee. Quelques morceaux sont signés conjointement par John Hahn, son manager, producteur et compositeur, et Olivier Wood, également guitariste des Wood Brothers (3 titres) et un quatrième est cosigné avec Ian Siegal. Sans oublier une reprise d’Albert King, ‘Wrapped Up In Love Again’, et une autre, de son père, Johnny Coppeland, ‘Devil’s Hand’ viennent enrichir l’ouvrage. Le tout constituant un superbe album de Blues qu’elle ne manquera pas de présenter en Live au cours des 47 dates programmées d’ici à février 2016 pour sa tournée américaine. Espérons qu’une tournée européenne est déjà planifiée pour les mois qui suivront!

Shemekia Copeland