Blues |
Autant vous le dire de suite: non, ce n’est pas parce que Shemekia, ‘la’ Copeland, a quitté Alligator pour Telarc qu’elle y a perdu de son âme. Je connais de mauvais coucheurs qui vous diront le contraire et que la Miss est partie en oubliant à la case départ une partie de son bagage, d’autres qui vous diront que c’est en route qu’elle s’est un peu perdue, et y’a finalement ceux qui, comme moi, vous diront qu’au contraire, ce changement a redonné à Shemekia une pêche, une énergie et une sensibilité qu’elle avait peut être eu tendance, ces dernières années, à mélanger et à offrir en vrac, pressée sans doute qu’elle était de prouver qu’elle était Shemekia, et non pas seulement ‘la fille de…’.
Ici, dans ‘Never Going Back’ (Ne jamais regarder en arrière), Shemekia a gagné cette maturité qui lui faisait quelque part encore défaut, cette présence, cette assurance aussi. Les chansons sont interprétées avec caractère, avec énergie, et quand nécessaire, avec cette sensibilité et cette tendresse que Shemekia dévoile maintenant à plein, assumant totalement la femme qu’elle est.
Entre des compos signées par le duo Wood (Oliver à la guitare et Chris à la basse), celles co-signées Shemekia/John Hahn, on note les reprises de ‘Black Crow’, de Joni Mitchell, et ‘River’s Invitation’, de Percy Mayfield, que Shemekia s’approprie totalement, pour les restituer, colorées selon sa palette vocale. Sans oublier le dernier titre, une reprise en forme d’hommage à son père avec ce ‘Circumstances’, une chanson que Shemakia tenait absolument à intégrer dans cet album, en véritable cri du cœur et en signe de solidarité avec tous les américains ayant perdu leur travail ou jetés à la porte de chez eux sans qu’ils ne puissent y changer quoi que ce soit, puisque ce sont les ‘circonstances’…
Une chanson bouleversante par les temps qui courent, et qui clôture un album dans lequel la Shemekia vous fera vibrer, danser, chanter, mais aussi réfléchir.
Admirable!
Frankie Bluesy Pfeiffer
Shemekia Copeland