Shaggy Dogs – Who let the Shaggy Dogs out?!

Mosaic Music
Blues

Les chiens à mémère nous reviennent avec un nouveau CD qui ferait presque craindre que les canidés sont enragés tellement leur ‘blues-pub rock’ vous défonce les enceintes. Echappés de leur chenil, les quatre clébards traversent les 13 plages de cet opus avec un vent de liberté qui donnera sans doute bien des idées à tous ceux qui se cloîtrent dans leur style peroxydé et qui n’osent sauter par dessus les grilles imposées par leur label-chenil.
Avec les Shaggy Dogs, on a dépassé les frontières du blues et du rock, on a mélangé le bleu, le jaune et le rouge, on a renversé les grillages du chenil et on est allé pisser contre le mur des voisins. Non seulement pour marquer son territoire, mais aussi et surtout pour prouver que les chiens fous à mémère se sont libérés de toute contrainte et qu’ils osent, qu’ils font ce qui leur plaît.
Et ce qui leur plaît, c’est de vous envoyer de la sauce bien épicée dans le gosier, avec cette audace qui caractérise les cuisiniers qui façonnent de nouveaux plats dont vous découvrez le goût en dégustant le tout, direct. En droite ligne de ce que savaient faire Lee Brilleau avec ce bon Docteur qui se sent si bien, ou encore ces s’coués qui se les gèlent à neuf degrés sous zéro.
A l’instar des Nine Below Zero et autres Doctor Feelgood ou Little Bob du temps de La Story, les Shaggy Dogs se sont affranchis de leurs laisses et ils parcourent leur musique en toute liberté, sans prendre gare à ce qui pourrait les freiner dans leur course en avant. Du coup, c’est un vent de liberté un peu fou qui traverse les treize compos et qui vous embarque dans un trip dont vous souhaitez qu’il ne cesse jamais.
Ivresse des grands espaces, de la liberté retrouvée, tout vous est proposé au travers de ‘You Gotta Live’, ‘Hallelujah’, ‘Check Point’ ou encore ‘Communication Rules’. Et comme le chante le clébard libéré, ‘Dont Think Twice’ et prenez votre pied, direct, sans retenue, car si vous réfléchissez un peu trop, vous ne revivrez plus ces instants musicaux de liberté totale.

Quatrième album de ce quatuor au blues déjanté (le chiffre quatre ne serait-il pas tatoué dans l’oreille des lascars?), ‘Who let the Shaggy Dogs out?!’ transpire les kilomètres avalés à jouer de gauche à droite de l’hexagone, du festival Lax’n Blues à celui du Buis, et les moments intenses de communion avec un public aussi déjanté que les canidés.
Est-ce le fait de s’être totalement libérés, des kilomètres bouffés en over dose ou de la volonté de pisser où ils le voulaient, mais il faut bien avouer que quelque chose s’est passé: d’ailleurs le chanteur-harmoniciste, aka Greenbullet, a viré au rouge et en chef de meute avisé s’est renommé Red, tandis que Jacker, à la gratte, et Toma, à la basse, font ici étalage de leur talent, montrant les crocs. Toma est d’une efficacité redoutable et présent comme jamais encore, tel un John B. Sparks en pleine consultation chez son docteur, tandis que Jacker domine ses six cordes à la Wilko Johnson et Mayo, c’est dire.
Et que dire du petit dernier, Guillermo, qui n’a rejoint la meute qu’il y a peu, si ce n’est qu’il s’en sort admirablement bien à la batterie, entouré, c’est vrai, par trois molosses à l’œil protecteur.

Planqués dans l’ombre de cette galette, des comparses qui ont contribué à libérer la meute: le producteur anglais Al Scott, une pointure, mais aussi Laurent Bourdier, un spécialiste de Stephen King et qui a mis son talent d’auteur au service d’un groupe qu’il avait mis en tête d’affiche de son festival du Buis en 2009.
D’autres potes sont venus se joindre à cette aventure: Bala Pradal aux claviers et Wenta aux chœurs, ainsi que quelques cuivres. Cela vous donne des morceaux endiablés sur lesquels l’harmonica de Red se laisse doubler par un trombone ou un sax avant que la six cordes de Jacker ou les claviers de Bala Pradal ne mettent tout le monde d’accord.

Le digipack est classe et crade à la fois, à l’image du combo, aussi provocateur que les treize titres. De quoi vous donner l’envie de retrouver la liberté, celle que vous n’auriez jamais du laisser derrière vous, dans le chenil du quotidien et de ses conventions.

Alors, gare à vous si vous parcourez les festivals cet été, ces chiens fous à mémères rôdent en toute liberté et n’osez même pas imaginer leur mettre la laisse au coup. La liberté est leur domaine sacré, à vous d’en profiter avec eux!

Frankie Bluesy Pfeiffer
Paris-Move, Blues Magazine (Fr), Blues Matters (UK)…