Il y a comme cela des jours où dans la pile de CD à nous envoyer dans les oreilles pour vous en faire la chronique dans votre mag préféré, on tombe sur un album qui nous fait dire ‘Hé!’, ou ‘Ho!’. On laisse les titres s’enfiler les uns après les autres, comme des perles, jusqu’au bout, avant d’appuyer sur ‘replay’ et de se dire que ‘Ben oui, y’en a qui font encore la différence, et une sacrée différence!’.

Sean Taylor est de cette race là: de ceux qui non seulement ont la foi et le talent pour composer et chanter le blues, mais aussi pour vous faire passer quelque chose qui vous fout des frissons partout, qui vous fait dresser les poils et qui vous touche là, au cœur.

Sur les onze titres alignés dans ce superbe ‘Calcutta Grove’, Sean Taylor vous propose neuf compos et deux reprises: une superbe interprétation de ‘Hard Time Killing Floor Blues’ (Skip James) et une version tellement prenante de ‘Freedom’ que vous vous demandez si là, oui, vous n’êtes pas entrain de vivre un nouveau Woodstock, là, dans votre salon, tant Sean Taylor se l’approprie de manière aussi forte que la version culte du film Woodstock interprétée par Richie Havens. Incontestablement un des grands moments de cet album!

Côté compos, Sean Taylor vous propose des blues en ligne directe du Delta, purs et troubles, sombres et scintillants à la fois, assurant seul tous les instruments: guitares, claviers, percussions, harmonica et chant, bien sûr.

Les prises de son sont parfaites et le mixage vous laisserait même à penser que le Sean est accompagné par plusieurs musiciens jouant en ‘live’ avec lui, en studio, et qui se renvoient la balle pour de petits soli. Superbe, tout simplement.

Parmi les titres signés Sean Taylor, je vous recommande le très beau ‘Revelations’ et le délicieux ‘Buried Alive’, sans oublier le court et électrique ‘Salvo’ qui tranche, en milieu de galette, avec cette guitare électrique saturée à mort, avant de laisser la place à la très belle reprise de Skip James.

Quelques blues, tel ‘Lost At Sea’, sont d’une construction musicale si pure que vous devrez comme moi lire et relire la pochette pour être sûr que c’est bien signé Sean Taylor et non Robert Johnson. Car toute la magie de cet opus est là, dans cette atmosphère qui vous replonge dans les racines les plus profondes du blues, vous emmenant faire le plus émotionnel des voyages, le plus intense plongeon dans ce que le blues a de plus bleu.

A souligner, l’étonnant ‘Nightmares’ sur lequel on retrouve la seule invitée surprise de cet album, Gemma Fuller à la trompette, et la superbe chanson ‘Hold On To Your Love’ sur laquelle Sean Taylor s’accompagne seulement au piano. Une chanson d’amour à vous foutre des frissons à n’en plus finir et qui vous fera couler les larmes les plus chaudes si vous êtes, comme moi, touché par les paroles du lascar.

Et puisque vous y êtes, à chialer, allez direct au dernier morceau de cet album réellement enchanteur, ‘The River Merchants’ Wife’, un morceau cent pour cent musical sur lequel Sean, au piano seulement, vous offre une ballade digne de figurer dans tous les grands films d’amour.

Grand coup de cœur pour cet album que vous n’êtes pas près de ranger, croyez-moi, et que vous écouterez encore et encore, avec un immense plaisir. C’est réellement superbe, et parole de Frankie, Sean Taylor sera sans contestation aucune l’une des grandes révélations de cette année 2009. Chapeau, mec!
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Frankie Bluesy Pfeiffer

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