Popa Chubby – The Fight Is On

Mascot Music – Provogue
Blues
Chez Popa Chubby, ce qui plaît à certains et déplait à d’autres c’est cette façon permanente de ne pas rester dans les clous d’un style donné, de se moquer des critiques et de n’en faire qu’à sa tête, quitte parfois à rendre chèvres ceux qui l’approchent. Et Dieu sait que les colères et pics d’humeur peuvent être volcaniques chez le bad boy tatoué au crâne rasé. Certaines chaises s’en souviennent encore…
 
Mais ce qui peut en insupporter certains traduit en fait une énergie débordante que le new-yorkais retranscrit en alignant des albums comme savaient le faire les groupes des 70’s. Une productivité dingue qui a fait de certains de ces groupes des symboles d’une époque musicale plus créative qu’aucune autre.
 
Malicieux et fonctionnant au feeling, Popa Chubby ajoute à une production discographique impressionnante un talent incontestable à passer du blues à la country, d’un Tribute à Jimi Hendrix à du rock bien lourd. Et je connais bien peu de musiciens (si, Jérôme Piétri, déjà!) qui savent ainsi être aussi à l’aise dans tous ces styles, comme s’ils y naviguaient depuis toujours.
 
Ici, on a tourné la page du country-blues de ‘Vicious Country’ et celle du chamanique ‘Electric Chubbyland’ dédié à Jimi Hendrix pour plonger dans un rock assassin qui fait le vide sur l’autoroute des platines hi-fi et baladeurs MP3. Le bad boy à la carrure de déménageur vous balance un rock à la mesure de sa présence physique et ca pèse son poids de décibels. Comme le bonhomme n’a pas non plus la langue dans sa poche, il assène quelques vérités bonnes à entendre, signant dès les premiers mots du premier titre sa manière de changer les choses, car fini de s’excuser pour les choses que vous n’avez même pas faites: ‘You spent years apologising for the things you did not do’.
Arrêtez de subir, prenez les gants (de boxe) et battez-vous, dit en rugissant le gamin du Bronx en vous regardant droit dans les yeux. Hé oui, the fight is on. La lutte est engagée et vous en prenez pour 12 rounds. Douze titres qui envoient la purée et vous dégagent bien autour des oreilles. Avec le Popa on ne plaisante plus, surtout que le lascar a rameuté pour cet opus deux cogneurs catégorie ‘poids lourds’, Steve Holley et Tom Papadatos, mais aussi deux sacrés puncheurs: A.J. Pappas à la basse et Dave Keyes au piano Wurlitzer.
 
Dès le premier titre, ‘The Fight Is On’, la messe est dite et le gratteux new-yorkais vous a déjà mis une première fois au tapis sur un coup du droit perforant. Largement vainqueur aux points de ce premier round, le Popa Chubby. Et que dire de ‘We Got Some Rocking To Do’ qui vous colle un upercut au foie et vous la cloue au mur, votre foi, dans ce rock assassin, pour que vous ne puissiez plus vous échapper du ring.
 
Tel un boxeur styliste, Popa Chubby vous remet ensuite à distance avec ‘Locked In A Memory’, histoire de vous aligner de petits crochets aussi subtils que destructeurs. Un titre qui vous fera revenir en mémoire (et sur la platine) de grands titres des Whitesnake et autres Asia, avec cette musicalité qui était la signature des rock bands de calibre mondial. Ecoutez ce solo de gratte et plongez dans vos souvenirs, car le Popa est de la lignée des guitaristes rock les plus lumineux.
 
Clin d’œil et hommage au rappeur Snoop Dogg et à Lou Reed dans ‘N.Y.C. 1977 Til…’ avec notamment la reprise des chœurs du mythique ‘Walk On The Wild Side’. Un titre qui démontre que le guitariste à la carrure de déménageur sait se faire plus tendre et plus subtil quand il le faut. Peut être le titre le meilleur de cet album et qui donne incontestablement envie d’entendre le Popa dans un opus en droite lignée du Velvet Underground. Ce qu’il fait presque au travers de l’avant dernier titre, ‘Wicked Wanda’, une chanson que Lou Reed aurait pu signer sans problème tant elle lui colle à la peau.
Sûr qu’en allant dans cette direction le bougre en dégouterait encore quelques uns mais il y gagnerait sans aucun doute l’estime et l’amour de tous les fans de l’époque warholienne.
 
Dernier titre proposé comme dernier round, le perforant ‘Ace Of Spades’, titre des Motörhead repris à la sauce Chubby et enregistré en ‘live’, histoire de quitter le ring en vainqueur. Par KO, indiscutablement. Un KO dont les amateurs du bluesman Chubby auront du mal à se remettre mais qui fera venir les foules rock au pied du ring pour un prochain combat, un prochain concert, un prochain album.
 
Groggy, je regrette tout de même que le bad boy ne nous ait pas glissé un bonus en fin d’opus, mais le livret est chouette et complet, avec toutes les paroles et quelques photos du déménageur avec gants de boxeur. Ben oui, il vous le disait dès le début, ‘The Fight Is On’.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
www.myspace.com/frankiebluesy