Blues-Rock |
Si, comme l’énonça un jour Charles-Maurice De Talleyrand-Périgord, tout ce qui est excessif est insignifiant, alors à quoi bon New-York? A quoi bon Lenny Bruce, Lou Reed, Wayne County, Phil Spector, les Ramones, la Trump Tower et Buster Poindexter? Pantagruélique, caractériel et auto-dithyrambique, Théodore Joseph Horowitz est bien le produit de son environnement. Avec plus d’une trentaine d’albums à son actif en autant d’années, ce prolixe matamore (dont les sentences péremptoires rivalisent avec les tartarinades d’un Ted Nugent ou d’un Snoop Dogg) ne s’assagit guère avec l’âge, et a choisi, pour sa première livraison sous l’enseigne du label de Mike Zito, d’enregistrer un copieux double CD live en studio (l’équivalent de la durée d’un triple vinyle), devant un parterre restreint d’invités triés sur le volet. Avec le soutien de ce qu’il présente comme son “all star Beast Band” (Michael Merritt à la basse, sideman de Billy Gibbons, Mike Dimeo aux claviers, accompagnateur de Johnny Winter, et le consistant Stefano Giudici aux baguettes), cet enregistrement est le fruit de deux sets consécutifs (les 24 et 25 octobre 2022) au sein du complexe artistique que gère à Long Island son ami Glen Forrest. S’ouvrant sur une vigoureuse version du “Motorcycle Mama” de Neil Young, ce rodéo en rocking blues urbain mêle d’autres covers aussi significatives que le “Hey Joe” de Billy Roberts (via Hendrix), “Nobody Wants You When You’re Down And Out” de Jimmy Cox (via Derek & The Dominos), “Hallelujah” de Leonard Cohen (via Jeff Buckley), le thême du film “Le Parrain” composé par Nino Rota (revisité en surf façon Tarantino), “Somewhere Over The Rainbow” du Magicien d’Oz, “Heart Attack And Vine” de Tom Waits et “Sympathy For The Devil” du tandem Jagger/Richards, disséminées parmi une douzaine d’originaux méticuleusement piochés dans son propre catalogue. Aussi généreux qu’il peut parfois se révéler intraitable, Popa cède ici plus souvent que de coutume la parole à son co-soliste Dimeo (notamment sur les poignants “Hallelujah” et “Embee’s Song” – ballade soul dédiée à sa nouvelle épouse Mary Beth, et extraite de son récent “Tinfoil Hat”, chroniqué ICI – ou encore sa relecture du “Sweat” de son “Booty And The Beast” de 1995), sans tempérer pour autant sa verve légendaire sur Fender. Du trivial au lyrique, et du sensible au tonitruant, Chubby livre ici un nouveau panel significatif de ce New-York City blues-rock dont il s’est fait l’ambassadeur international. Petite réserve tout de même: dans le souci d’en économiser les intermèdes (?), deux plages se trouvent abrégées sans trop de discernement (ce fading impromptu sur les pourtant réjouissants mambo “69 Dollars” et shuffle instrumental “Steel Horse Serenade”). Comme d’ordinaire, les puristes se boucheront le nez et les oreilles, tandis que les fans en salivent déjà. Pour le reste, brut, sincère, virtuose et décomplexé à souhait, faut-il vous l’attendrir?
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, August 28th 2023
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Ce n’est sans doute qu’un pur exercice de style pour T. Horowitz et ses acolytes, mais cela fait le plus grand bien par où cela passe! Et ce ne sont pas les 25 auditeurs privilégiés invités qui se trouvaient dans le Juke Joint New-Yorkais ce jour là qui me contrediront. Le trio de compères est composé de Michel Merritt à la basse et dans les choeurs, Mike Dimeo aux claviers et dans les choeurs, et Stefano Giudici à la batterie et au chant. Sur ce Live, 19 titres donr 12 morceaux signés du Chubby talentueux guitariste et 7 reprises (à la sauce Popa, of course) de, entre autres, Neil Young et le duo Jagger/Richards avec un furieux “Sympathy For The Devil”. ET ce sont les interprétations “maison” de “Hey Joe” et “Sympathy For The Devil” qui font le plus d’effet. Preuve que le Popa sait comment insuffler le feu dans des titres pourtant maintes fois entendus et rejoués par tant d’autres interprètes. Avec un Live du Chubby on n’a jamais l’occasion de se poser, ne serait-ce que quelques secondes, pendant les 131 minutes que dure la prestation. C’est une tornade qui vous emporte et qui vous transporte dans un univers blues-rock dont vous n’aurez jamais envie de refermer la porte. Le disque a été produit et mixé par Popa lui-même. L’opus ne fait certes pas tourner la planète dans l’autre sens, mais avec un Live du Popa c’est toujours l’occasion de passer un très bon moment!
Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)
PARIS-MOVE, December 4th 2023
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https://www.youtube.com/watch?v=3J7HSdKxcYc