Popa Chubby – I'm Feelin' Lucky

Dixiefrog / Harmonia Mundi
Blues

En voilà, un artiste clivant, pour paraphraser certains commentateurs politiques! Le guitar-hero à la dégaine la plus improbable depuis Rick Nielsen s’est depuis ses débuts affranchi de toute étiquette: sous un look de rapper new-yorkais tatoué, il a parcouru le dernier quart de siècle en arborant son blues-rock comme un corsaire le ferait de son étendard. Tour à tour blues, funk, jazz, country, rock et latino, le tonitruant s’est même permis une tournée hommage à Hendrix (et le live pléthorique subséquent). Et s’il semble avoir quelque peu ralenti la cadence (dans les années 2000, il livrait facilement deux albums par an), il semble avoir conservé le sens de la formule. Cette fois, le concept est donc le suivant: voici l’album des 25 ans. On le sait bien, la prolixité du bougre comporte son revers. En effet, si Popa sait (presque) tout jouer, l’essentiel de sa personnalité tient dans son personnage public. Sur le plan strictement musical, la qualité de chacun de ses enregistrements demeure peu ou prou constante, mais la recette du cocktail ne varie que selon ses proportions. Un zeste de Santana pour le lyrisme, une larme de Clapton seventies pour rehausser l’arôme, du Winter dans le bottleneck furieux, une rasade de Jimi coupé SRV par-dessus le tout, et l’Atlas de fête foraine peut cette fois encore exhiber ses biceps. Peu importe dès lors que “One Leg At A Time” pastiche “Times Getting Tougher Than Tough” (et “The Way it Is” le “Let It Rain” de Clapton), que Mike Zito duellise avec le gladiateur sur le bien nommé “Rock On, Bluesman”, ou que l’excellente Dana Fuchs vienne embraser le convaincant “Come To Me”: si vous suivez la carrière du lascar, vous possédez sans doute déjà cette nouvelle livraison. D’autant que les 10.000 premiers exemplaires recèlent un CD bonus archivant ses tout débuts, dans diverses formations de la grosse Pomme.

Patrick Dallongeville
Paris-Move