Ambient pop |

Chanteuse, productrice et multi-instrumentiste australienne relocalisée à Brighton (East-Sussex), Penelope Trappes propose, avec son cinquième album à ce jour, une expérience éminemment cathartique. Elle s’est en effet calfeutrée en un lieu isolé sur la lande écossaise pour en écrire et composer les dix séquences, dans une démarche profondément méditative. Sur ces terres aux antédiluviennes traditions celtiques, elle a plongé un regard introspectif sur les traumas trop longtemps enfouis de son histoire personnelle et familiale, pour livrer une œuvre au noir dont on ne sort pas indifférent, ni parfois même totalement indemne. Comme l’indique son titre, il s’agit d’un opus dont le deuil constitue le cœur. Introduit par un violoncelle lugubre, ”Bandorai” s’avère un chant shamanique dédié aux anciennes prêtresses Celtes que désignait jadis ce vocable, tandis que “Platinum” endosse la forme semi-chuchotée du chant de Björk, sous-tendue de lancinantes vocalises grégoriennes, et scandée de percussions sépulcrales. “Second Spring” se déclame sur le grincement de cordes pincées-frottées, auxquelles s’ajoutent de lointains chœurs spectraux tétanisants. Aussi omniprésents que l’harmonium sur le “Marble Index” de Nico et John Cale, les cordes et synthés distillent des atmosphères empreintes d’encens, de grandes orgues et d’obscurité, où les intrications vocales suscitent le frisson. “Red Dove”, la plage titulaire et le final “Thou Art Mortal” en représentent assurément les sommets, et l’on ne se souvient pas avoir éprouvé pareille émotion depuis le “Rock Bottom” d’un certain Robert Wyatt et l’”Aviary” de Julia Holter (chroniqué ICI). Comparé à juste titre au “Desertshore” de Nico (et à rapprocher aussi de l’éprouvant – mais tout aussi magnifique – “Electric Chair” de la trop méconnue Sandy Dillon), voici donc un disque n’inspirant certes pas une franche gaieté, mais d’une irrépressible séduction, si l’on daigne prendre le soin de s’y immerger. Pour vous le situer, en comparaison, Siouxsie et Amélie Nothomb, c’est Tata Yoyo et compagnie, mais on ne songe pourtant jamais à en contester la validité… Une indéniable splendeur, oui.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, July 16th 2025
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