Pat McManus – Walking Through Shadows

Bad Reputation
Blues

Le ‘Professeur’ nous revient avec un nouvel opus où guitare et violon vont faire chauffer les enceintes. Douze titres composés pour guitare incisive et percutante, douze titres estampillés Pat McManus qui démontrent une fois de plus tout le talent d’auteur-compositeur du bonhomme. Le son oscille entre le brut de décoffrage, le spontané et le perforant parfaitement ciselé. Ni trop d’un côté, ni trop de l’autre, avec cette finesse toute irlandaise qui fait de bons guitaristes des gratteux de légende. A l’instar de Gary Moore, Pat McManus a son touché, son jeu et son phrasé, marquant chacun des titres de sa griffe toute personnelle.

Accompagné par le très groovy bassiste Gordon Sheridan et le frappeur ‘poids lourds’ Paul Faloon à la batterie, Pat McManus semble avoir signé un album-hommage à Gary Moore alors même que toutes les chansons avaient été écrites depuis un bon moment, bien avant la disparition de Gary. En effet, Pat avait terminé son travail de compo et était parti au Homestead Studio pour commencer les premières prises avec Gordon et Paul, mais Mudd Wallace, son producteur, tomba gravement malade, obligeant le trio à repousser les enregistrements…ou à enregistrer ailleurs. Mais Pat, qui a vécu la disparition d’un frère, n’est pas homme à changer de route ainsi. En accord avec ses deux compères, il décide d’attendre le rétablissement de Mudd. En novembre 2010 le trio retourne en studio et début 2011 se terminent les mixes tandis que le mastering se fait en France en février, au Studio Coppelia. Du retard et du temps qui influencèrent sans nul doute le trio dans ses enregistrements et qui contribuent incontestablement au niveau de maturité et de perfection atteints par cet opus.

Morceau de choix de cette galette, ‘Give me love’ est l’un des tous meilleurs titres jamais enregistrés par Pat. Guitare et violon flirtent et se marient avec finesse et sensualité. La guitare se fait féline et sexuelle, attirant le violon dans une étreinte torride. Un titre qui ne laissera personne indifférent.
Sur d’autres titres, la guitare se fait guerrière, amazone indomptable qui plante ses flèches au cœur de vos enceintes avant de lâcher les chevaux sur un ‘Ready to Rock’ dont le titre à lui seul est tout un programme. Comme si la Pat souhaitait annoncer ici que bientôt, très bientôt, le lascar fera vibrer à nouveau la fibre des Mama’s Boys au travers des albums qu’un label voudra bien, enfin, rééditer. Et pourquoi pas Bad Reputation, ce putain de label au nom bien crade qui vous sort des albums qui trustent les meilleures notes à la rédaction de Paris-Move…
Un retour aux seventies que l’on sent vibrer à donf dans ‘Short, Sharp, Shock’, genre claque qu’on prenait en pleine tronche en allant au Marquee, à Londres. Et avec toujours cette univers celte propre à Pat, que l’on traverse dans ‘E-Tap’, par exemple, un titre qui n’est pas sans faire indirectement référence à une chaîne d’hôtels en France, hôtels dans lesquels Pat a eu l’occasion de reposer, entre deux concerts.

Le ‘Professeur’ est de retour, avec un album au son moderne et vintage à la fois. Une leçon de maîtrise et qui laisse deviner un prochain opus plus monumental encore. Un must!

Frankie Bluesy Pfeiffer
Paris-Move, Blues Magazine (Fr), Blues Matters (UK)…

 

Attention: déflagration sonore énorme, riffs puissant et saignants! C’est sûr, l’irlandais nous revient dans une forme indéniable. Pas question d’hésiter ou de tergiverser, on est là pour en prendre plein les esgourdes et l’on n’est pas déçu. Dès le premier morceau, ‘Danger Zone’, Pat McManus innove encore, de manière prudente, certes, avec ce chœur féminin du meilleur aloi avant de nous plonger dans la rock music d’il y a quelques années avec un ‘Walking in the Shadow of Giants’ qui ressemble à un hommage à tous les musiciens qui ont pu influencer le Pat.

La galette se poursuit sur des rythmes du même tonneau, celui d’un excellent irish whiskey, et ce n’est qu’à la quatrième plage, ‘Give Me Love’, que l’artiste nous propose le tempo d’une balade pour calmer un peu nos sens mis à rude épreuve. Le guitariste véloce en profite pour se transformer également pour l’occasion en violoniste talentueux, nous entraînant dans une chanson d’amour convaincante.

Elu meilleur violoniste d’Irlande à l’âge de quatorze ans, celui qui, du temps des Mama’s Boys, avait hésité du surnom de the Professor, la joue plus simple et plus posé aujourd’hui, même s’il est indéniable qu’il a eu le temps d’enrichir son jeu de guitare, de développer son talent de compositeur et de mûrir sa voix à travers les expériences musicales qu’il a connues avec Celtus, Indian et The Goverment.
Accompagné de son redoutable bassiste Gordon Sheridan et de son batteur-cogneur Paul Faloon, le garçon se lâche et démultiplie sa puissance de feu! Cela peut aller du pur rock celtique instrumental au blues le plus déchirant, comme ce superbe ‘Walking Shoes’ d’autant plus troublant qu’en l’écoutant on ne peut s’empêcher de penser à Gary Moore, cet autre géant irlandais qui vient de nous quitter…

Celui qui commença la musique en compagnie de ses frangins, John à la basse et Tommy à la batterie, poursuit sa route avec d’autres musiciens mais il n’en demeure pas moins un ‘slave to the rhythm’ qui brille de tous ses feux sur scène et qui réalise des galettes studio appelées à devenir des indispensables de toutes les bonnes collections de disques de la planète. Je bannis volontairement le substantif ‘discothèque’, de peur qu’il y ait confusion avec les endroits où l’on se trémousse et gesticule sur n’importe quel bruit sonore!

Ultime pied de nez musical et dernier titre de cet album, ‘Oldest Rocker’, nous démontre, mais nous le savions déjà, combien est vaste le champ des possibilités musicales cet irlandais de génie qu’est Pat McManus.

Un album qui mérite de figurer dans toutes les CD-thèques!

Dominique Boulay
Paris-Move, Blues Magazine