Otis Taylor : Recapturing The Banjo

Telarc
Blues

Lorsqu’un chanteur-guitariste de Blues se décide à consacrer un album à l’instrument qui le relie à ses racines africaines, le banjo, et qu’il invite des pointures, des personnalités, des talents reconnus à le rejoindre, on peut s’attendre à ce que l’opus proposé soit un petit bijou, ce qu’il est, véritablement.

Entouré notamment d’Alvin Youngblood Hart, de Keb Mo et du grand Corey Harris, le ténébreux Otis Taylor a délaissé pour un moment son blues novateur pour replonger dans les sonorités des Appalaches et de Caroline du Nord. Un projet auquel il réfléchissait depuis 1999 : « Je veux que les gens sachent que le banjo est un instrument africain,…qui vient d’Afrique. » ne cesse de répéter Otis, insistant à chaque fois sur le côté pédagogique et éducatif de cet album, car le banjo est effectivement un instrument qui remonte bien plus loin dans le temps que celui des airs traditionnels américains. Introduit au 18ème siècle aux USA par les premiers esclaves africains (consultez sur ce sujet l’excellent dossier proposé par Blues Magazine dans les numéros 40, 41 et 42 !), le banjo est en fait l’instrument qui fait le lien entre la musique africaine et américaine. « Je veux montrer au travers de cet album que nous sommes des noirs modernes qui ont des idées modernes », et ses reprises proposées ici, comme celle de ‘Little Liza Jane’ démontrent que l’on peut réussir cette alchimie entre le traditionnel et la modernité. Mais que dire de son interprétation du mythique ‘Hey Joe’ de Jimi Hendrix ? Magistrale, tout simplement.

L’avenir confirmera sans aucun doute que cet Otis là a marqué, et marquera encore la musique américaine, comme Jimi Hendrix le fit dans les 70’s. Une marque très personnelle que le bougre, né à Chicago en 1948, a déjà imposée dans le blues au travers de ses albums solo, en s’écartant des canevas prédéfinis du blues ‘classique’ et en signant un blues ténébreux et poignant à la fois.

Les 14 titres proposés ici dans une ambiance joyeuse et lumineuse s’écoutent comme se lisent les pages d’un très bon livre, avec un grand plaisir partagé. Un album que vous serez impardonnable de ne pas avoir : un must.

Frankie Bluesy Pfeiffer
Paris On The Move