Country, Funk, Psyché |
Un quart de siècle après leur formation, les North Mississippi Allstars demeurent une telle affaire de famille(s) que l’on aurait aisément pu en adapter un épisode de “Dynasty”. Que l’on en juge: leurs deux piliers fondateurs, les frangins Luther et Cody Dickinson (respectivement batteur et guitariste) ne sont autres que les rejetons du légendaire Jim Dickinson. Pour la faire courte, le palmarès de leur paternel s’étend depuis les Stones (c’est lui, au piano, sur la version originale de “Wild Horses”, captée à Muscle Shoals en 69) jusqu’à Big Star et Alex Chilton (en tant que producteur et sage-femme de ces deux albums de grands brûlés que demeurent “Sister Lovers” – alias “Third” – et “Like Flies On Sherbert”), en passant furtivement par les Flamin’ Groovies de “Teenage Head” (c’est toujours lui, au clavier sur “Have You Seen My Baby”), le Dylan de “Time Out Of Mind” (à l’orgue et au piano), et quelques autres dispensables tels que Sam & Dave, Toots & The Maytals, Tav Falco, Screamin’ Jay Hawkins, les Replacements, Ry Cooder et Chuck Prophet… Afin de faire bonne figure, après avoir collaboré à trois LPs de leur géniteur entre 2002 et 2007, les brothers se concentrèrent un temps sur ce combo multi-ethnique (mince, comment dit-on à présent pour éviter les ennuis, déjà? Ah oui, “integrated“) que constituait dès l’origine The North Mississippi Allstars. À savoir, d’autres rejetons de figures saillantes du Northern Hills County blues tels que Duwayne Burnside (fils du grand RL) et Robert Kimbrough (fils de Junior). Certes, comme le chantaient Brel et Serge Lama, Luther connut d’autres aventures, alignant au passage un CV à faire pâlir jusqu’à celui de son défunt paternel (six ans et quatre albums en tant que co-lead guitar des Black Crowes, deux autres avec le Jon Spencer Blues Explosion, cinq autres encore avec Jimbo Mathus, etc.). Ceci n’empêcha pas la fratrie de livrer, bon an mal an, une quinzaine de long players à ce jour. Et c’est manifestement pour célébrer le quart de siècle de leur première publication (“Shake Hands With Shorty”) que les frangins éditent aujourd’hui ce nouvel opus. Tradition oblige, on y retrouve à leurs côtés (en guests, certes, mais c’est l’intention qui compte), les historiques Duwayne Burnside et Robert Kimbrough, mais aussi un autre fils de, en la personne de Grahame Lesh (héritier du non moins légendaire bassiste de Grateful Dead) sur un titre. Les nouveaux comparses de la fratrie se nomment quant à eux Rayfield Holloman (pedal-steel, basse) et Joey Williams (guitare et basse occasionnelle). Le “Preachin’ Blues” qui ouvre les festivités n’a rien (et pourtant tout) à voir avec l’original que ce plagiaire de Robert Johnson emprunta en son temps à Son House, de même que “Stay All Night” concède mixer la composition éponyme de Jr. Kimbrough avec le “Stay A Little Longer” de Tommy Duncan et RJ Wills, selon un lazy groove choral qui n’aurait pas déparé le registre des Neville Brothers (avec ses jubilatoires arabesques de pedal-steel et le Hammond juteux de Jojo Hermann). Autant l’annoncer de suite, il y a une bonne part de jam spirit dans cette démarche (le Dead ne reprenait-il pas ainsi “The Same Thing”, “I Know You Rider”, “Dancing In The Street” et “Turn On Your Love Light” pour animer les love-ins de San Francisco en 66?). L’adaptation du “My Mind Is Rambling” de Jr. Kimbrough relève du même procédé, et nos amis transposent encore dans cet esprit les “Casey Jones” et “John Henry” de Furry Lewis, ainsi que “Write Me A Few Lines” de Fred McDowell et le “Poor Boy” de RL Burnside (avec Duwayne à la guitare et au chant). Le gospel “Pray For Peace” évoque les regrettés Holmes Brothers, et l’adaptation de “Poor Boy” ainsi que la plage titulaire, le funk lascif du regretté Sly Stone, tandis que, remarquablement chanté par Joey Williams, le traditionnel “Don’t Let The Devil Ride” se voit appliquer l’irrésistible geste cool et swing des premiers J.J. Cale, et que “KC Jones (“Part II)”, “Write Me A Few Lines” et “John Henry” reçoivent pour leur part l’onction de Little Feat circa Lowell George. Bon sang ne sachant mentir (“Still Shakin'” était déjà le titre d’une compilation d’outtakes de sessions des Grooviesl, publiée il y a un demi-siècle par Buddah Records), les North Mississippi Allstars ne déméritent pas à perpétuer ainsi les héritages croisés dont ils s’avèrent les dépositaires. Arrangé à la sauce vintage psychédelic funk, leur proto-blues rural ne manque en tout cas ni d’arômes, ni d’attrait.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, June 26th 2025
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(digital, CD, signed CD, vinyl, black vinyl and signed New West Exclusive Color Vinyl)
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Still Shakin’ is a celebration of their life-changing first album Shake Hands with Shorty, released 25 years ago.
North Mississippi Allstars 2025 July Dates:
July 1 – San Sebastian, Spain – Dabadaba
July 2 – Barcelona, Spain – La Nau
July 3 – Valencia, Spain – 16 Toneladas
July 4 – Madrid, Spain – El Sol
July 5 – Cazorla, Spain – Festival Blues Cazorla
July 10 – Lewes, DE – Rocking The Dock Music Series