Blues |
Au premier coup d’oeil, on a presque envie de paraphraser Pierre Vassiliu: “Qui c’est celui-là?”. Assumant crânement son look Yul Brynner, et affublé de quelques colifichets indiens (relation de cause à effet?) ainsi que d’une strato, Monsieur Durtôt (hé oui, Hardearly) évoque de prime abord un clone de Joe Satriani. On s’attend donc un peu au pire, mais ces craintes sont heureusement vite dissipées. Si le bougre n’usurpe pas son titre (on sent que ses phalanges en ont parcouru, des frêtes), il délivre certes un album de guitare, mais aux références largement générationnelles. “Heart & Soul” rappelle ainsi autant les Yardbirds circa Jeff Beck que les Stray Cats de “Gonna Ball”, tandis que certaines plages traduisent une profonde culture seventies (Gary Moore, Wishbone Ash, Doobies, Purple…), et que d’autres (“Fool For Your Loving”, “Charlie’s Shuffle”) versent plus ouvertement du côté blues de la force. Si le tout sonne parfois comme un catalogue des impressionnantes capacités techniques du bonhomme, on ne peut toutefois lui dénier de réelles capacités à émouvoir (“Toxic”, “I Got News”, ou la slide virevoltante de “Time Is On My Side”). Un guitar hero à la française de plus…? Il fut un temps où l’expression faisait sourire outre-Manche. Gageons que ce ne sera désormais plus forcément le cas.