Mr HARDEARLY – I’m A Bluesman

Rebel Music / Socadisc
Blues-Rock

Là haut, bien au dessus des nuages, dans la strato…sphère ou caster, brillent les étoiles au firmament, et conversent entre elles les légendes autour du feu sacré, celui qui jamais ne s’étreindra car éternel il est. Enjoué, Jimi Hendrix se laisse aller à quelques confidences. “Le blues est facile à jouer, mais difficile à ressentir. Ils m’ont imité tellement bien que parfois j’entends des gens copier mes erreurs. La musique est magique, la musique c’est la vie. Techniquement, je ne suis pas guitariste, tout ce que je joue c’est la vérité et l’émotion. La musique est ma religion.”
Avec humilité, rétorque Stevie Ray Vaughan: “Si essayer de faire de mon mieux ne suffit pas, j’essaierai encore plus dur la fois d’après, c’est tout ce que je peux faire. Je vais même avouer, je dors avec ma guitare quand ma femme n’est pas là.”
Sourires au lèvres et avec humour, Johnny Winter réplique: “Les meilleurs artistes sont morts, maintenant. Je pense que le blues sera toujours dans l’air ambiant, les gens en ont besoin.”
Discret, Gary Moore acquiesce: “Si vous êtes un joueur expressif, les gens peuvent sentir que c’est une chose émotionnelle et cela devient une extension de vous même.”
Parmi beaucoup d’autres, ces quatre guitaristes cités sont les dignes héritiers des grands bluesmen, noirs pour la plupart, qui les ont précédés quelques décennies auparavant. Dans cet oasis de paix devenu leur jardin d’éden pour l’éternité, tous ces maîtres incontestés, regards portés vers notre planète bleutée, se réjouissent d’entrevoir et de découvrir ceux qui seront ou sont désormais devenus leurs disciples. On ne récrit pas l’histoire, on la perpétue.
Soyons un peu chauvin, restons dans l’hexagone, car une multitude d’artistes et de groupes excellent aujourd’hui, et disons le, cela ne date pas d’hier, dans ce monde du blues que nous affectionnons.
Gamin, dès ses premiers accords de guitare, il en rêvait, venir un jour jouer dans la cour des grands. La réalité a surpassé le rêve, au gré du temps l’adolescent est devenu mutant et a donné vie à Mr Hardearly. Le blues a pris possession de lui, le diable est désormais dans sa peau, et sa guitare converse avec les anges.
Fort d’une expérience de dix ans en tant que Mr Hardearly, après tant de labeur accompli, l’artiste persiste et signe un quatrième album. Dès ce premier titre, l’intitulé de l’opus, ‘Im a Bluesman’, nul besoin de s’appeler La Palice, car Personne (excepté Paul peut-être… et encore…) ne peut nier l’évidence: la Stratocaster est domptée de mains de maître. Le Sieur Hardearly officie comme étant un des meilleurs guitaristes blues/rock de sa génération.
Citons quelques compositions sur la dizaine figurant dans l’album. Même si l’emprunte indélébile des ses mentors est omni présente, Mr Hardearly renoue avec les origines et joue diaboliquement sous leur emprise.
Ces titres, ‘Over your shoulder’, ‘My cradle’, ‘A place in my heart’, sont des pépites, des joyaux taillés sur mesure dans un diamant brut, du Blues à l’état pur. Ensorcelée, la ‘Strat’ se laisse aller, elle se la joue sauvage et féline rugissante sur ‘Your eyes can’t see’. Apprivoisée, elle se fait câline, chatte ronronnante sur ce jouissif blues langoureux, ‘CC (the mean guy)’. Cette petite reine des seventies retrouve ses instincts et tous les éclats de sa jeunesse.
Fidèle à cette formation trio que l’artiste affectionne, sont présents à ses côtés Alain Gibert à la basse et aux choeurs, et Frédéric Rottier à la batterie. Comme le dit si bien Mr Hardearly: “L’avantage du trio, c’est quand même de jouer sans filet, il y a de la place pour chaque musicien, sans la possibilité de se cacher derrière son instrument. Chaque note que les musiciens jouent est entendue et partagée avec les public.”
Cerise sur le gâteau ou fève dans cette succulente galette, en grand seigneur, Monsieur Fred Chapellier tire les rois et partage ses riffs sur cette compo, ‘Hey where’s the money’.
Citons également les deux reprises de l’album, ‘Lazy’ de Deep Purple’ et ‘Little by little’ de Junior Wells, figure du Chicago blues dont, sans connaitre les paroles de cette chanson, tout le public pourra les reprendre en choeur lors d’un prochain ‘live’ auprès de notre ténor de la six cordes.
Mr Hardearly dédicace cet album, ‘I’m a Bluesman’, à la mémoire de différentes personnes, guitaristes et autres, dont l’écrivain Frédéric Dard. Je reprends une citation de ce dernier, car je pense qu’elle sied bien à l’histoire des légendes du blues et résume la vie en général: “Vis ton présent, et laisse ton passé pour l’avenir.”

Alain AJ-Blues
Rédacteur en chef adjoint – Paris-Move

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Pour ce quatrième album en dix ans de carrière (du moins sous cette appellation), Mr HARDEARLY entendait marquer le coup. Son titre sonne en soi comme un manifeste: Français, certes (même s’il chante exclusivement en anglais), et guitar-hero assumé, le prénommé Éric (là aussi, il y a des précédents) revendique haut et fort sa légitimité à envoyer le blues comme n’importe quel Anglo-Saxon. Deux covers dessinent ici l’étendue de ses références: “Lazy” de Deep Purple, et le “Little By Little” de Junior Wells. Si l’on y ajoute son propre “One Desire” (quelque peu démarqué du “Fire” de Hendrix), reste neuf compos originales, au fil desquelles le bougre donne libre cours à un véritable feu d’artifice de guitar licks à décorner les bœufs. Mais si la puissance de feu est bien de mise, on peinerait à déceler ici le moindre scorie hard ou heavy. Capté (comme ses prédécesseurs) live en studio et en trio, ce skeud aligne comme à la parade le pédigree du bougre: de Johnny Winter (la plage titulaire) à Wishbone Ash (“Over Your Shoulder”), et de SRV à Jimi (“Your Eyes Can’t See” et “Your Home”) ainsi que Buddy Guy et Luther Allison (l’instrumental “My Cradle”), le Moutard a manifestement été biberonné aux bonnes sources. Bluesman français ne sonne plus depuis longtemps comme un oxymore, mais Mr HARDEARLY martèle cette évidence avec un panache qui confine à la profession de foi. Comme pour l’adouber en ce sens, le grand Fred Chapellier en personne passe gratifier un titre de sa patte fumante. Bluffant!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

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A lire, bien sûr, l’interview de Mr HARDEARLY à l’occasion de la sortie de son nouvel album “I’m a Bluesman” sur son site web (avec offre spéciale!) avant la sortie officielle de l’album en Septembre 2018. ITW et photos signées Alain AJ-Blues. ITW à lire ICI sur PARIS-MOVE.

Chronique de l’album de Mr HARDEARLY “X-PERIENCED”: ICI
extrait: “Un guitar hero à la française de plus…? Il fut un temps où l’expression faisait sourire outre-Manche. Gageons que ce ne sera désormais plus forcément le cas.” – Patrick Dallongeville

Chronique de l’album de M HARDEARLY “WHITE URBAN BLUES”: ICI
extrait: “C’est joué à la frontrière de la passion et du charisme électrifié, avec cette étrange sensation que le Gary joue de temps à autre en réponse à Mr Hardearly. Géant, tout simplement géant! Un titre qui vaut à lui seul l’achat de ce digipack dont les fins connaisseurs reconnaitront le coup de griffe de Dom SD pour le graphisme. Super, tout simplement superbe!” – Steve