Mountain Men – Black Market Flowers

Echo/Pias
Blues

 

Les Mountain Men, c’est un peu l’inverse de Genesis: débutée en duo, leur aventure comprend désormais quatre membres à part entière, moins de huit ans plus tard! Les nouveaux venus ne sont pas de parfaits inconnus, puisqu’il s’agit de la section rythmique de The Hyènes. Soit le bassiste Olivier Mathios, et, oui, une partie non négligeable de la légende Noir Désir en la personne de son batteur historique, le grand Denis Barthe. Comme pour faire bonne mesure, un autre Noirdez millésimé se joint à eux sur cette rondelle: leur ex-bassiste Jean-Paul Roy (qui passe ici aux six cordes). Pour leur quatrième album studio, les Hommes de la Montagne accentuent leur diversification, déjà largement entamée sur leur précédente livraison. Si “Go Round Again”, “One Way Left”, “Where The Lights Come” et “Some Of These Days” revisitent le country blues qui établit leur marque de fabrique initiale (l’harmo de Barefoot Iano s’y enroule, dans l’esprit d’un Sonny Terry, autour du chant et de la gratte acoustique de Mr Mat), “Still In The Race” et “Dog Eye” lorgnent ostensiblement vers les premiers Black Keys. Ce qui ne constitue certes pas une trahison, mais plutôt une extension naturelle de l’énergie que ces lascars déploient couramment sur scène. Avec le renfort des anciens Noir Désir, les plages en français prennent un relief particulier, et l’on ne peut s’empêcher d’y discerner parfois une certaine filiation (“Passe Dans Cette Vallée”). Estelle Humeau d’Eiffel (autre référence Noirdez) preste son clavier de ci de là, tandis que le violon d’Hervé Toukour (ce pseudo!) en fait autant. De futurs hymnes tels que “Work Song” (sans rapport avec Cannonball Adderley) et “Wish Yourself Away” dressent un pont rassurant entre les diverses époques de la formation: un heavy-blues poisseux non dénué de références celtiques, dans la veine de l’irish boogie que pratiquaient dans les seventies d’autres héros tels que Rory Gallagher. En praticiens convaincus de la versatilité électricité /acoustique, les Mountain Men pourraient ainsi s’assurer une belle unanimité transgénérationnelle.

 

Patrick Dallongeville
Paris-Move / Blues Magazine / Illico & BluesBoarder

 

Mountain Men