Moreland & Arbuckle – Promised Land Or Bust

Alligator
Blues

À l’écoute du titre d’ouverture, on se demande quelle mouche a bien pu piquer Bruce Iglauer. "Take Me With You (When You Go)" (comme d’autres plages de ce disque, telles que les heavy "Hannah" et "When The Lights Are Burning Low") relève en effet davantage du rock sudiste façon Skynyrd que d’un label de blues aussi établi qu’Alligator. Mais quand Dustin Arbuckle embouche son harmo, et quand son complice Aaron Moreland titille ses cordes d’une slide furieuse, on comprend ce qui a du motiver le boss du label au saurien. Ca et son obsessionnelle recherche d’airplay sur les nombreuses radios étudiantes amerloques: le mid-tempo "Mount Comfort" et l’agreste "Waco Avenue" lorgnent ainsi vers les Eagles et Allman Brothers des années 80. N’empêche, quel baston: produite par le renommé Matt Bayles (Mastodon, The Sword), cette rondelle risque d’écorcher les tympans de nombre de puristes d’un blues bon teint. Ceux-ci trouveront toutefois le réconfort au fil de "Mean And Evil", "Long Did I Hide It" et du jazzy "Why’d She Have To Go (And Let Me Down)?". Quant à leur cover du "Woman Down In Arkansas", elle rend toute justice à son auteur, le regretté Lee McBee, tandis que celle du fameux "I’m A King Bee" de Slim Harpo vaut son pesant de down-home shuffle traînant. Ceci est leur troisième album (le premier était autoproduit, et le second chez Telarc). Gageons que sur les planches, ces garçons à la capillarité toute fashion doivent déménager sévère, quelle que s’y avère leur tendance.

Patrick Dallongeville
Paris-Move / Blues Magazine / Illico & BluesBoarder

Moreland & Arbuckle