Moreland & Arbuckle – Flood

Telarc
Blues
Alors là, les mecs, on ne joue plus dans la même cour car ici, avec Moreland & Arbuckle, c’est du lourd. Du très lourd avec pourtant que de l’harmo, des ‘guitars with or without resonator’, du banjo et de la batterie. Du cri primal à l’état pur. North Mississippi All Stars n’est pas très loin de nous. Et cela joue comme on aime, avec, rêvons un peu, R.L Burnside qui se tient en embuscade, en compagnie de son fils spirituel Kenny Brown, et T. Model Ford a modernisé son jeu de gratte, c’est vous dire.
Sur ‘Flood’, les garçons s’en donnent à cœur joie et nous ne leur en voudrons pas, puisque c’est ainsi que cela joue dans les chaumières et autres Juke-Joints. Il serait d’ailleurs urgent de s’exiler là-bas, tant c’est bon quand cela vous coule dans les veines de cette manière-là. Et à haute dose. Avec aucun risque de sevrage difficile, en plus.
Le blues vous explose dans les tympans de manière très brutale et votre derrière se trémousse tout seul sur la chaise, quand il y en a une. Et puis les pieds, eux, qui trépignent sur les parquets, linos et autres tapis, bouts de moquette et planchers de clubs enfumés. La gratte est grasse à souhait et l’harmo vous pète dans les mirettes de manière délicieusement intempestive. C’est joufflu, c’est couillu et ca ne vous laisse pas une seconde de répit avec ces treize morceaux chauffés à blanc qui font paraître votre vie quotidienne comme digne du plus sordide des ennuis. L’urgence à s’injecter cette dope sonore par les esgourdes est prégnante, sinon c’est l’intoxication au thé glacé qui vous guette.
Puisque boogies et slide sont les deux poumons dont vous avez besoin pour respirer, allez-y, n’hésitez-pas, et vivez le blues! Les treize morceaux sont tous des compos des garçons et votre toubib vous dira qu’il n’y a pas meilleure posologie pour survivre.
Non, ceci n’est pas un effet de ce que vous absorbez trop fréquemment. Remontez quelques lignes plus haut et vous vous souviendrez à vie de ceux dont l’on vous parle: Aaron Moreland et Dustin Arbuckle. Voilà, c’est dit, c’est écrit, et ‘Flood’, alors.
 
Dominique Boulay
Moreland & Arbuckle