MITCH RYDER – With Love

Ruf records
Rhythm 'n' Blues, Rock
MITCH RYDER - With Love

On ne va pas vous retracer la whole enchilada (cf. notre chronique de son “The Roof Is On Fire” l’an dernier), mais il suffit de mentionner que Mitch Ryder figurait déjà en 1982 au catalogue d’Underdog (dernier label en date du regretté Marc Zermati) pour saisir que le gusse (né tout de même en février 45) serait à priori censé relever davantage de l’Ehpad que de l’actualité. Et pourtant, God knows (et pour cause) qu’il n’y a pas de hasard: que son inespéré nouvel album nous parvienne au lendemain de l’annonce de la disparition de Marianne Faithfull n’a rien de fortuit. Car le bonhomme, revenu de tout (de sa gloire fugace dès 1966 à son désaveu six ans plus tard, en dépit d’un street-credit chromé sur tranche), n’en demeure pas moins l’un des ultimes irréductibles. Exilé depuis plus de quarante ans chez les Teutons têtus (où il coule une semi-retraite active, quoique bien peu dorée), il revient cette fois dans son bled d’origine (Ann-Arbor, Michigan, comme Bob Seger et un certain James Osterberg) pour y réclamer tardivement sa couronne, sous l’égide du multi-platiné Don Was (Rolling Stones, Dylan, Iggy Pop, Bonnie Raitt, ainsi qu’une kyrielle d’autres). Et les rictus se figent, car outre Brian ‘Roscoe’ White, le gonze a rameuté pour l’occasion l’immense Laura Chavez aux six cordes qui tuent, parmi une session crew comme il n’en a plus assemblée depuis son propre Detroit en 72. Que l’irrésistible “Sanguine” et “Too Damned Slow” ravivent avec bonheur certaines effluves des Doors de “Strange Days”, et que “Lilli May”, “One Monkey”, “Just The Wy It Is”, “Fly” et “Oh What A Night” rappellent à bon escient ses propres Detroit Wheels s’avère quasi-miraculeux, de même que la préservation défiant la science de ce timbre gravillonneux qui nous interpelle depuis six décennies. Si les véritables artistes ne meurent jamais, on risque d’avoir encore Mitch Ryder sur les bras un sacré bout de temps. Et comment ne pas s’en féliciter, puisque s’il devait effectivement n’en rester qu’un, autant que ce soit lui, non?

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, February 1st 2025

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