Reggae

D’origine Libanaise, née au Libéria, et ayant grandi en Côte d’Ivoire, la chanteuse, autrice et compositrice Mirna Haje a déjà co-produit un premier album en 2015, avec rien de moins que Tiken Jah Fakoly (“Train Of Changes”). Elle apparaît ensuite sur divers projets (dont le “Women” du collectif Jahzz et l’édition Deluxe du “Guitar Chant” du guitariste Xavier Bègue, alias Kubix, chroniqués ICI, ICI et ICI), ainsi que sur le récent album du Sénégalais Meta Dia, sans oublier son EP avec le Jamaïquain Rev. Tishion en 2022. Annoncé par le single éponyme (capté aux fameux studios Tuff Gong de Kingston, en duo avec le Jamaïquain Derajah), ce second album témoigne à nouveau de l’impressionnante imprégnation de la skanking culture par cette résidente de notre République (qui cite notamment la grande Judy Mowatt pour modèle). Capté entre la Jamaïque, l’Afrique du Sud et la France (et bénéficiant du soutien de l’ami Kubix, aperçu auprès de Max Romeo lors de sa récente tournée d’adieu), avec les contributions sporadiques de l’Ivoirien Jacin et du Sud-Africain Crosby, elle livre ici dix pépites de old school roots en anglais, où prédominent les ingrédients de l’âge d’or (rythmique souple mais implacable, cuivres et melodica occasionnels, guitares sinueuses, et juste ce qu’il faut de claviers numériques). Le langoureux “Once Upon A Time”, l’épuré “Easy” et l’enjoué “Music Is My Soul” n’auraient ainsi pas déparé le répertoire de Marcia Griffiths, tandis que “Haffi Rise” (en duo avec Crosby) prend des accents raggamuffin et que “Reggae Party” renoue avec les tressautements ska des Maytals et des Skatalites. Comme le confirment ses clips à l’envi, Mirna perpétue un mysticisme soft mais fervent (cf. son “Jah Guide”), ainsi qu’un subtil féminisme #metoo (“Smooth Talker”). Un esprit sain dans un corsage, en somme…

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 5th 2024

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