Mike Clark – Itai Doshin (FR review)

Wide Hive Records – Street date: Available
Jazz
Mike Clark - Itai Doshin

À 79 ans, Mike Clark trouve l’unité et le groove dans Itai Doshin.

À un âge où beaucoup de musiciens se contenteraient de vivre sur leur héritage, le batteur Mike Clark continue, lui, de faire battre le groove. Son nouvel album, Itai Doshin, revendique une forme bebop classique, avec une assurance et une clarté intacte. Le titre, une expression japonaise signifiant «plusieurs corps, un seul esprit», désigne un état d’unité partagée. Dans la pensée bouddhiste, c’est une harmonie spirituelle; dans le jazz, explique Clark, c’est ce qui se produit quand un groupe se met à jouer «dans la poche».

Sur cet enregistrement, Clark et son ensemble atteignent pleinement cet état. Le jeu est précis sans être rigide, les solos inspirés sans jamais tomber dans la démonstration. La cohésion qui s’en dégage semble naturelle, fruit d’années de complicité sur scène et en studio.

Itai Doshin ne cherche pas à réinventer le jazz. Il le perfectionne. Sa force tient dans sa sérénité, dans cette manière de parler le langage du swing le plus pur sans affectation ni nostalgie. À l’écoute, on se sent comme installé dans un petit club, entouré de musiciens qui savent exactement ce qu’ils font, et pourquoi ils le font.

Cette impression de confort est voulue. «Itai Doshin reflète honnêtement où j’en suis aujourd’hui comme artiste de jazz», nous confie Clark. «Les musiciens que j’ai choisis pour cette session, ainsi que les arrangements de Towner Galaher, ont donné vie à ma vision. J’ai joué avec Eddie Henderson presque toute ma vie. J’ai enregistré pour la première fois avec Patrice au début de ma carrière, au Hyde Street Studio, le même endroit où nous avons enregistré cet album.»

Le parcours de Clark se lit comme un véritable who’s who du jazz d’après-guerre. Près de cinquante ans après avoir redéfini le funk fusion avec les Headhunters de Herbie Hancock, il demeure un collaborateur recherché. Au fil des décennies, il a joué aux côtés de Tony Bennett, Chet Baker, Eddie Henderson, Dave Liebman, Babatunde Olatunji, Julius Hemphill, Andrew Hill, Dr. Lonnie Smith et Christian McBride, entre autres. Son premier album en leader, Give the Drummer Some (1989), révélait déjà un musicien animé d’une rare énergie et d’une imagination sans limite. Depuis, il en a enregistré près d’une vingtaine sous son nom, salués presque unanimement par la critique.

Si Itai Doshin dégage une impression d’intemporalité, c’est grâce à l’expérience qui le porte. Clark joue avec délicatesse et poésie, guidant le groupe à travers des arrangements où l’espace et l’écoute priment. Son jeu de batterie, précis, conversationnel, subtilement audacieux, devient la voix narrative de l’album. Les autres musiciens lui répondent avec la même aisance, transformant les formes les plus familières en instants de découverte.

Ce n’est pas un disque de révolution, mais de réaffirmation, la preuve qu’on peut encore dire beaucoup de choses à l’intérieur du langage classique du jazz. Pour l’auditeur, Itai Doshin a quelque chose d’un retour à la maison. Que l’on aime le jazz le plus complexe ou le plus pur, chacun y trouvera un plaisir à la fois réconfortant et vital.

À 79 ans, Mike Clark reste ce qu’il a toujours été: un batteur à l’écoute aussi profonde que son jeu, un musicien pour qui l’unité, plusieurs corps, un seul esprit, est à la fois la méthode et le message.

Thierry De Clemensat
Member at Jazz Journalists Association
USA correspondent for Paris-Move and ABS magazine
Editor in chief – Bayou Blue Radio, Bayou Blue News

PARIS-MOVE, October 10th 2025

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Musicians :
Mike Clark: Drums
Eddie Henderson: Trumpet
Craig Handy: Tenor saxophone
Patrice Rushen: Piano and Rhodes
Henry “The Skipper” Franklin: Bass

Track Listing:

  1. EPISTROPHY
  2. CHEROKEE
  3. MGANGA
  4. INSIDE ZONE
  5. I SHOT THE SHERRIF
  6. SAVANT CLARK
  7. MIDORI
  8. YAKINI’S DANCE
  9. EPISTROPHY II