LUCINDA WILLIAMS – Runnin’ Down A Dream

A Tribute To Tom Petty // Highway 20 / Thirty Tigers
Rock
LUCINDA WILLIAMS - Runnin' Down A Dream

Le 2 octobre 2017, Tom Petty s’éteignait au centre hospitalier de Santa Monica, à moins de trois semaines de son 67ème anniversaire, portant ainsi un terme à plus de quarante ans de carrière musicale. Sa cadette de moins de trente mois, Lucinda Williams lui rend à présent hommage en reprenant treize de ses titres, pour le premier volume d’une série qu’elle entame sous le vocable de “Lu’s Jukebox”. Conçus sous la forme de concerts en studio, ces sets la verront revisiter, au cours des mois qui nous séparent encore de la fin de la pandémie actuelle, les répertoires d’autres artistes. S’ouvrant sur la cover du manifeste “Rebels”, cette martingale produite par Ray Kennedy se poursuit sur un up-tempo musclé pour la plage titulaire (issue du premier album solo de Petty), et l’on mesure toute la puissance de son backing band (le même que sur son mordant “Good Souls Better Angels” paru l’an dernier et dont vous pouvez retrouver la chronique ICI, sur Paris-Move). La coda du “Gainesville” que Tom Petty dédia à sa propre ville natale en Floride prend ainsi des accents quasi-stoogiens, tandis qu’avec son élocution aussi pâteuse que poignante, la Williams s’approprie “Louisiana Rain”, réalisant de fait l’un des sommets de cette collection (elle est elle-même native de cet État). Également issu de “Full Moon Fever”, “I Won’t Back Down” s’illumine d’un fulgurant solo de slide électrique, tandis que derrière Lucinda, son band bastonne comme des Heartbreakers en goguette: c’est précisément l’effet recherché lors de la captation de cette session live. Les lugubres “A Face In The Crowd”, “Room At The Top” et “Southern Accents” correspondent tant au registre millésimé de la Williams qu’on les croirait presque de sa plume. On y reconnaît en effet sans peine ce spleen de femelle à la redresse et à la dérive, pas morte mais seulement blessée: walking wounded, comme le chantait Rory Gallagher. Portés par un beat plus léger et un piano électrique guilleret, “Wildflowers” et “You Don’t Know How It Feels” desserrent l’étau sur un climat plus agreste (tout comme “Down South”, qui bénéficie d’un savoureux arrangement tex-mex), avant que la machine à rocker ne reprenne du service pour le furieux “You Wreck Me”. Se refermant sur un “Stolen Moments” que l’on croirait joué par le Crazy Horse de Neil Young, cet album accomplit la performance rare de hisser à un niveau supérieur un répertoire en passe de figurer au patrimoine. Quel que soit le souvenir que l’on conserve (ou pas) de Tom Petty, cette livraison de l’ex-égérie d’un country-rock mélancolique et romantique confirme que l’âge venant, cette pétroleuse semble moins que jamais résignée à la cuisson des confitures. Un nouveau climax pour cette bouleversante interprète, portée en outre par un band en état de grâce électrique.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, March 31st 2021

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Lucinda Williams – Runnin’ Down a Dream [Tom Petty cover]:
https://www.youtube.com/watch?v=-mnDhz8RRY8