LONE WOLF & RICE FAB

Rock’ n' Hall / Dixiefrog
Blues
LONE WOLF & RICE FAB

Fortement habités par les cataclysmes climato-géographiques, les thèmes dont le Delta blues vernaculaire se faisait l’écho relataient les inondations liées aux crues du Mississippi (“High Water Everywhere”, “When The Levee Breaks”) et autres fléaux agricoles locaux (“Boll Weevil Blues”, traitant des ravages du charançon sur les récoltes cotonnières). On ne s’étonnera donc guère que la récente épidémie de COVID-19 (et ses conséquences en matière sanitaire) ait inspiré tant de musiciens actuels. On peine toutefois encore à mesurer les opportunités qu’a paradoxalement suscité le confinement. Si nos Shaggy Dogs nationaux (parmi bien d’autres ailleurs, tels Bob Margolin, Jay Moonah et Lucinda Williams) y expérimentèrent de nouvelles manières d’enregistrer (à distance les uns des autres, grâce aux nouvelles technologies), certains en profitèrent pour initier de nouvelles collaborations. Ainsi du guitariste et chanteur nantais Thierry Gautier (alias Lone Wolf, naguère chroniqué ICI à la tête de ses Back Door Men) et de l’harmoniciste de Rennes et St. Brieuc, Fabrice Leblanc (alias Rice Fab), déjà riches tous deux de maintes expériences respectives, mais qui ne s’étaient jusqu’alors jamais rencontrés. Fortement imprégnées du blues rural et acoustique de la région évoquée en introduction, les treize compositions originales qu’ils nous proposent sur leur album éponyme n’en invoquent pas moins la geste et l’imaginaire de Son House (“Searching Blues”), Skip James (“Last Night Dream”), Charlie Patton (“No More Water”) et Robert Johnson (“Devil At My Back Door”, “Crossroads Sign”). Sachant renouer avec la dimension hypnotique et cathartique des field hollers (“Story Of A Man”), nos deux larrons recréent la complicité quasi-télépathique qui animait Jorma Kaukonen et le dénommé Will Scarlett lors du premier enregistrement (live) de Hot Tuna. Rice Fab s’avère en l’occurrence digne de comparaison avec de grands anciens tels que Will Shade, Hammie Nixon et Sonny Terry (“My Baby’s Gone With The Dealer”), tandis que Lone Wolf ne répugne pas à emprunter la facture de Tommy Johnson (“What Are We Gonna Do”), Big Bill Broonzy (“Hey, Mr Blues”) et Mississippi John Hurt (“I Don’t Know”). Il faudrait se montrer sacrément bégueule pour ne pas fondre à l’écoute d’un duo si authentiquement inspiré (nota bene: nos amis proposent en phantom bonus track un quatorzième inédit dans la veine de RL Burnside: ne raccrochez surtout pas avant!).

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, June 24th 2025

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