Lone Wolf and his Back Door Men – Diggin’

autoprod.
Blues
Avec Diggin’ vous pénétrez dans un univers étrange où vos repères habituels du blues s’écarteront à en devenir flous ou bien à se rapprocher de vous jusqu’à ne plus vous laisser d’espace visible. Un univers blues façonné par un Thierry Gautier à la manière d’un Tom Waits, avec ce côté déjanté qui sied si bien aux créatifs qui ne fixent plus de bornes.
Sûr que les moines et autres religieux du blues calibré douze mesures iront hurler au sacrilège, tout comme ils brûlent sur le bûcher de leur salon les Joe Bonamassa, Steve Tallis et autres Alexx and Mooonshiners, préférant se recueillir sur les énièmes reprises de Robert Johnson.
 
Avec Back Door Men et ce Diggin’ vous allez donner un sérieux coup de balai dans votre CDthèque et virer toute cette poussière qui s’est déposée insidieusement sur les derniers opus que vous pensiez très bons. Cela commence fort, très fort, avec un premier titre qui vous pousse d’entrée dans cet univers un peu barge et s’coué: ‘Rated X’. Z’êtes d’entrée de jeu passé aux rayons X du blues, et le blues y passe également, aux rayons X de ces Back Door Men. C’est du blues déjanté chamanique, avec une voix sortie de nulle part. Les instruments sont passés eux aussi aux rayons X et collent parfaitement bien à la voix. A la batterie et aux percus, le back door man qui s’y colle est Sébastien Larreur, tandis que Hilaire Rama et Ludovic Loiseleur assurent la basse, Sylvain Tissier, Bruno Rouille et Philippe Evrard les harmonicas tandis que Thierry Gauthier joue toutes les guitares et un peu de percus.
 
L’ensemble sonne crade et poisseux. Ca colle aux enceintes et aux doigts, et en écoutant Thierry Gauthier chanter on a presqu’envie d’ouvrir son bar et de lui tendre une belle bouteille de JD. Comme le gus n’est pas dans votre salon, vous vous en versez un verre et vous trinquez à la santé du mec, laissant filer ‘Factory Boogie’ puis ‘Sometimes Blues – part 2’. D’ailleurs vous aurez beau retourner la pochette et le livret dans tous les sens, y’a pas de ‘Sometimes Blues – part 1’. C’est comme ça. On vous file le second morceau et libre à vous de vous jouer le premier.
Idem pour ‘Jesus Message – part 2’. Comme si le Jesus n’avait jamais chanté de part 1.
 
Pour les amateurs de c’qui bouge, Lone Wolf Gauthier a prévu quelques bonnes s’couées, comme ‘Catfish Boogaloo’ et ‘Homeless Boogie’, et je connais peu de monde qui saura résister à pareilles envolées.
 
Plus classique dans son interprétation, ‘Hard Times Again’ réunira tous les amateurs de blues, de toutes origines et de toutes confessions, tandis que ‘Terry The Traveller’ les divisera à nouveau, avec ses sonorités frangines à celles des Jesus Volt.
Et puis comme s’il s’agissait d’un clin d’œil à tous ceux qui iront lui chercher des poux là où y’en a pas, Lone Wolf et ses Back Door Men vous propose en fin d’opus un ‘Goodbye Blues’. Un blues auquel il dit au revoir, poliment, avec sa voix rocailleuse marquée par toute l’histoire du blues. Un au revoir aussi poignant que la voix qui vous arrache les tripes. Car tout l’opus est à l’image de ce dernier titre : c’est pas du blues pour petits garçons. C’est un blues brûlant comme un alcool frelaté qui vous arrache le gosier, qui vous tord les boyaux, mais avec lequel, comme le chantait si bien Jacques Brel, vous pisserez aux étoiles.
Et vous pisserez d’autant plus que le clan des Back Door Men vous propose pas moins de deux titres cachés en plus. Je vous l’avais dit, ce ‘Goodbye Blues’ n’était qu’un au revoir. Un simple ‘au revoir’. Le temps de patienter quelques minutes en laissant tourner la galette. Tou en pissant aux étoiles avec notre Tom Waits du blues français.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
www.myspace.com/frankiebluesy
Lone Wolf and his Back Door Men