Blues, Soul |
Désormais basée depuis huit ans à Austin (patrie d’adoption de Sue Foley, mais surtout creuset d’une scène d’où émergèrent, outre les Fabulous Thunderbirds, des combos tels que Mike Morgan & The Crawl, Anson Funderburgh & The Rockets et autres Leroi Brothers), Lara Price nous revient avec son premier album sur le label de Mike Zito. Captées en trois sessions distinctes entre le Texas et la Californie (et produites par Kid Andersen), ces dix plages ne comportent que trois covers. S’ouvrant sur l’énergique et stonien “We’re Still Friends” (que signe le guitariste Mike Schermer), cette collection atteste que si son timbre vocal a assurément gagné en raucité, Miss Price n’a rien perdu de son mordant. Tandis que son auteur riffe comme des Keith et Ron en goguette, Mike Zito passe y distiller en parrain bienveillant quelques-unes de ces licks dont il a le secret. Porté par les chœurs soul du Sweet Nectar Choir (Sue McCracklin, Maureen Smith et Lisa Leuschner), le lascivement funky “Evidence” perpétue la veine stonienne, avec le renfort du saxophoniste Matthew Maldonado. Reprise de ‘Cowboy’ Jack Clement, le honky tonk boogie “Fools Like Me” prend ici les accents familiers de ce que délivre Lou Ann Barton depuis quatre décennies. Marcia Ball co-signe avec le même Mike Schermer le funky “Things Ain’t Everything”, auquel la section rythmique imprime une touche Nola typique des Meters (avec l’orgue égrillard de Trevor Nealon, relayé par le sax de Maldonado et les six cordes en cocotttes de David Jimenez). C’est ce dernier qui compose la musique de “Rain” (ballade mélancolique sortie en single, dont Lara signe les paroles et Kid Andersen certaines des parties de guitare), et le même tandem récidive sur le R&B enlevé “Days Ago”. C’est avec le seul accompagnement des six cordes délicatement jazzy de Matt Burger que Lara interprète avec sensibilité le “Solitude” de Duke Ellington, avant que le soulful “The Way Love Goes” n’emprunte la touche d’une Cindy Lauper early eighties, avec le concours du Sweet Nectar en verve. Le “Trouble, Heartache, Sadness” d’Ann Peebles et Don Bryant (également repris récemment par Siska, chronique ICI) bénéficie des mêmes choristes, tandis que Lara y délivre une convaincante performance de soul sister, le feeling à fleur de peau. Ce bien beau disque se referme en mode boogaloo avec “Heart On A String”, qui n’aurait déparé ni le répertoire des regrettés Delaney & Bonnie, ni celui des Black Crowes première manière. Lara Price mérite toute notre attention et notre intérêt sincère. Quand daignera-t-on donc nous la proposer sur scène de ce côté de l’Atlantique?
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, July 7th 2024
Follow PARIS-MOVE on X
::::::::::::::::::::::::::