Funk, Soul |
Qui eût cru qu’après Professor Longhair, James Booker, Dave Bartholomew, Fats Domino, Allen Toussaint, Walter Wolfman Washington, John Mooney et Dr. John, ce serait à un Rosbif bon teint qu’échoirait la mission sacrée d’incarner de nos jours l’âme et le son de The Big Easy? Après trente-cinq années à en infuser les multiples idiosyncrasies, Jon Cleary semble en effet être devenu le nouvel ambassadeur international des rythmes et grooves d’une cité parmi les plus emblématiques de ce métissage culturel qu’abhorrent tant Mad Donald et ses sbires ultra-coincés. In New-Orleans, if you want to be a band leader, there’s only two paths: the trumpet or the 88’s… Incapable d’user correctement d’une embouchure de cuivres, Jon Cleary s’y entend par contre comme peu d’autres de ces tourneries alambiquées où se mêlent rumba, second line beats de carnaval, calypso, cuban son, voodoo-boogaloo et boogie vicieux. Assemblant aux côtés de ses regular Absolute Monster Gentlemen (Cornell Williams à la basse et A.J. Hall aux drums) un all-star band constitué de Nigel Hall à l’orgue Hammond (Lettuce), Pedro Segundo aux percussions cruciales (Ronnie Scott’s All Stars), Xavier Lynn à la guitare (MoNeon, Ledisi) et un triumvirat de cuivres aux petits oignons (Aaron Narcisse du Delfayo Marsalis & The Uptown Orchestra, Jason Mingledorff de Galactic, et Charlie Halloran des Squirell Nut Zippers et du Preservation Hall All Stars), Honest Jon aligne ici les planètes et les étoiles pour un festival de funk local à vous retourner la cervelle. Dès le frénétique “So Damn Good” d’ouverture, l’auditeur est emporté sur le grand huit de cette gumbo music dont des séries comme “Tremé” promurent la substantifique moelle. De “Zuzu Coconuts” à “Lottie Mo”, en passant par “Fessa Longhair Boogaloo”, “Uptown Downtown”, “Bin A Lil Minit”, “Pickle For A Tickle” et “Unnecessary Mercenary”, c’est bamboula à tous les étages… Excusez-moi si j’ôte mes vêtements avant de me trémousser sur le balcon au nez et à la barbe des voisins: vous ferez moins les précieux quand ce disque s’immiscera à son tour dans vos pénates (essayez donc de résister au funk infectieux de ce “Just Kissed My Baby” millésimé Meters mid-seventies (voire “The Relay” des Who!) ou encore du “Boneyard” estampillé Neville Brothers et Branford Marsalis). Co-produite par Jon himself et l’imparable John Porter, voici donc une rondelle recommandée pour tout service de réanimation: c’est le genre de musique après laquelle courent encore les poulets sans tête!
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, May 6th 2025
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Jon Cleary: Piano, guitar, percussion, vocals
Cornell Williams: bass, guitar, vocals
A.J. Hall: Drums, vocals
Nigel Hall: Hammond organ, Rhodes piano, vocals
Pedro Segundo: percussion
Xavier Lynn: guitar
Aaron Narcisse: Tenor sax, alto sax
Charlie Halloran: Trombone
Jason Mingledorf: Baritone sax, Tenor sax
Harry Shearer: vocals on Uptown Downtown and Zulu Coconuts