JOHNNY NICHOLAS presents: Moon And The Stars, A Tribute To Moon Mullican

Valcour Records
Country boogie
JOHNNY NICHOLAS

Né en 1948 dans le minuscule État de Rhode Island, Johnny Nicholas y fonda son premier groupe dès son entrée au lycée. Nous avons eu l’occasion de vous narrer son édifiant parcours musical, lors de la parution de son récent “Mistaken Identity” (chroniqué ICI), et le voici de retour sur ces terres qu’il arpentait voici plus d’un demi-siècle: le Sud-Ouest de la Louisiane, dans les environs de Basile, à Eunice, où un certain Joel Savoy tient un studio d’enregistrement vintage à souhait. Il y délivre cette fois un hommage collectif envers l’une des figures emblématiques du western-swing, ainsi que du honky tonk et du country boogie: Moon Mullican. Né dans le Polk County de Corrigan, au Texas, ce truculent pianiste et chanteur fut en effet l’un des premiers artistes Sudistes à transcender les genres (ainsi que les barrières raciales et culturelles), en adaptant dès le milieu des années 1930 des standards enregistrés par des artistes afro-américains (notamment le “Georgia Pine” de Cab Calloway), et se révélant autant à l’aise dans le barrelhouse boogie que dans le western-swing (deux des courants majeurs qui préfigurèrent ce que l’on nommerait plus tard le rock n’ roll). Le récemment disparu Jerry Lee Lewis proclama sa vie durant l’influence déterminante de Mullican sur son propre répertoire, et bien que des préventions légales ne permirent jamais à ce dernier de le revendiquer officiellement, Moon composa néanmoins avec Hank Williams le fameux “Jambalaya On The Bayou” (dont celui-ci fit le hit que l’on sait en 1952). Que ce fut en tant qu’acolyte du chanteur populaire Jimmie Davis (futur gouverneur de l’État de Louisiane), ou comme leader de ses propres orchestres (depuis les Texas Wanderers jusqu’aux Showboys), Mullican couvrit, au cours de ses trois décennies de carrière, le spectre quasi-entier des musiques vernaculaires du Vieux Sud, depuis le cajun louisianais jusqu’au honky-tonk, en passant par la country la plus trépidante (sa devise consistait à “jouer une musique capable de faire danser les bouteilles sur les tables”). Son emprise transpire chez des artistes country-billy tels que Bill Haley, Jim Reeves et Elvis Presley, jusqu’à constituer l’un des ferments de formations néo-western swing comme Asleep At The Wheel (dont fit également partie Johnny Nicholas) et d’artistes tels que Wayne Hancock. Pour ce tribute, Nicholas a assemblé une dream team où se côtoient les pianistes et chanteuses Marcia Ball et Linda Gail Lewis (la propre sœur du regretté Killer), ainsi que certaines figures historiques des musiques sudistes telles que Augie Meyers (ex-organiste du Sir Douglas Quintet), Peter Rowan (guitariste-banjoïste bluegrass ayant notamment fait partie de Seatrain, Muleskinner et The Rowan Brothers, et ayant côtoyé des sommités telles que Clarence White, Bill Keith, David Grisman, Richard Greene et Vassar Clements), ou encore le néo-zydeco Steve Riley et les nouveaux hérauts tex-mex, Los Texmaniacs. Avec le recul et la perspective que procure l’Histoire, il apparaît que Moon Mullican partageait maints points communs avec un autre transfuge notoire, Mose Allison. Au confluent de courants pourtant réputés antagonistes, il en effectua néanmoins la synthèse, pour accoucher d’un corpus de standards intemporels, dont les générations qui lui succédèrent s’inspirent encore de nos jours. Quelle meilleure définition de la modernité? Ne serait-ce que pour vous initier à l’attrait irrésistible de la pedal-steel et du country-boogie piano, voici donc un album crucial, s’inscrivant indubitablement dans le précepte “It don’t mean a thing if it ain’t got that swing”. Shake yer booty, people!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, January 5th 2023

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A noter: cet hommage en 20 titres du grand homme se décline soit en CD simple, soit en deux LPs.

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