JOHNNY MAX BAND – Johnny Max & His So-Called Friends

Autoproduction
Americana, Rhythm 'n' Blues
JOHNNY MAX BAND - Johnny Max & His So-Called Friends

De Toronto (Ontario) nous provient le huitième album de cette formation dont, depuis nos brumeuses contrées, nous ne soupçonnions jusqu’alors pas même l’existence. Mené par le chanteur et songwriter John McAneney (alias Johnny Max), ce band vient pourtant de fêter son quart de siècle, et continue d’écumer inlassablement les clubs, tavernes et festivals du vaste territoire canadien, y distillant sans vergogne son Lousiana R&B largement inspiré des limbes de la Crescent City, ainsi qu’en atteste le réjouissant (et chaloupé)  “You Can Do Better Than Him” d’ouverture. Entre Huey ‘Piano’ Smith et le Little Feat du regretté Lowell George, le gang y évolue à grand renfort de slide gouleyante, de second-line beat tortueux et de piano bastringue (croyez-le ou non, leur claviériste se nomme Bill Evans!), et on ne saurait rêver meilleure entrée en matière. Un peu plus loin, “Kiss From Joanne” reprend peu ou prou la même formule, mais “How The Other Half Lives” convoque auparavant un fieffé guitar-picker en la personne d’un certain Wayne DeAdder, qui y tricote à la manière de Scotty Moore sur un vintage rockabilly groove, tandis qu’Evans y officie au Hammond, et que les choristes (au rang desquels on citera l’émérite Suzie Vinnick, chroniquée ICI) y propulsent le bastringue à qui mieux-mieux. On reconnaît la verve roadhouse de cette joviale compagnie (manifestement rompue aux relais routiers) sur leur honky “I’ve Said All The Sorrys I’m Gonna Say” (où sévit avec panache le même DeAdder), et ils s’enfoncent un peu plus avant en territoire southern swamp au fil de ce “Might As Well Be On Mars”, dont le Band millésimé n’aurait sans doute pas dédaigné le Dixie feeling. C’est son co-auteur, le guitariste Neil Chapman, qui s’y fend à son tour d’un solo aussi concis que flamboyant, tandis que le batteur maison, Jim Casson, y rivalise de lowdown backbeat avec le regretté Levon Helm himself. La comparaison avec le gang de Big Pink s’accentue encore avec ce “I’ve Never Met A Bridge” soutenu par un truculent tuba. Après un savoureux pas de côté vers le swing lounge jazz des forties façon Cole Porter (“These Are The Things That Make Me Think Of You”, balais, piano et solo de cornet à l’appui), le funk salace et rampant de “Memphis Women & Fried Chicken” (dont le solo de six cordes échoit au non moins évocateur Dylan Wickens), s’érige en invitation au boogaloo barbecue. “What’s Good For The Goose” s’avère un Nola boogie caractéristique, dûment mené par les ivoires frétillants d’un Evans en goguette, et traversé d’un autre solo fulgurant du même Wickens. L’entraînant gospel “When You Love Somebody” emporte toute réticence (choristes et pump organ d’église inclus), et nos amis se dirigent vers la sortie avec le non moins enthousiasmant “Be Good To Yourself” (antienne à se répéter vingt fois par jour) et le bref rag appalachien “Plastic Jesus”. Cette joyeuse troupe propose ainsi un remarquable feelgood record qui vous tiendra la tête haute, les pieds frétillants et le sourire béat, même parmi les pires turbulences. De salubrité publique, pardi!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, December 21st 2025

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