SUZIE VINNICK – Fall Back Home

Autoproduction
Americana, Blues, Swing
SUZIE VINNICK - Fall Back Home

Née voici un demi-siècle à Saskatoon, dans le Saskatchewan, la singer, songwriter et guitariste Suzie Vinnick nous adresse depuis Toronto son septième album solo. Elle en a également réalisé quatre autres en collectif (que ce soit au sein du trio vocal The Marigolds, de Betty & The Bobs, ou en duo avec Rick Fines). Bardée de distinctions dans son Canada natal (une dizaine de Maple Blues Awards, trois nominations aux Juno et deux consécrations lors de l’International Songwriting Competition), elle a assemblé une fois encore un bel aréopage de fines lames (Steve Dawson, Paul Pigat, Colin Linden, Kevin Breit et Bill Henderson aux six cordes, Jesse O’Brien aux claviers, Roly Platt et Carlos del Junco aux harmonicas, Gary Craig aux baguettes…), pour cette collection assemblant six originaux qu’elle co-signe avec divers partenaires, tout en n’en revendiquant qu’un seul de sa plume exclusive. S’ouvrant sur un placide diddley beat, l’optimiste “Lift You Up” évoque le registre de la grande Bonnie Raitt, avec la slide lumineuse de Colin Linden pour en exhauster la saveur. Co-écrit et co-interprété avec Matt Andersen, “Talk To Me” emprunte le climat West-Coast americana auquel nous a accoutumés Stevie Nicks, avant que “Salt & Pepper” ne ramène la slide de Linden aux affaires, dans un registre blues-rock que ne dédaignerait pas le Trucks-Tedeschi Band. C’est la guitare subtile du grand Paul Pigat (récemment remarqué sur le “Scream, Holler & Howl” de Blue Moon Marquee (chroniqué ICI) qui illumine ensuite le soulful “Raino”, dans une veine southern soul voisine de vocalistes telles que Rita Coolidge et Nicolette Larson, avant que celle de Kevin Breit ne la relaie pour le sensible “It Doesn’t Feel Like Spring Anymore” (dans un registre proche de celui d’Emmylou Harris). Puisque nous en sommes aux similitudes, c’est Rickie Lee Jones qu’évoque résolument l’imparable et jazzy “The Pie That My Baby Makes”, sur lequel Suzie scatte ad lib, avec pour simple accompagnement la contrebasse groovy de Russ Boswell. Le genre d’exercice dont seules les grandes vocalistes peuvent se sortir indemnes et Miss Vinnick y remporte l’épreuve haut la main, pour récidiver (avec le même bassiste, mais en full band comprenant l’harmonica sensible de del Junco) sur le non moins imparable “Let Me Make It Up To You Tonight”. Le registre swing  persiste au fil du shuffle “Secret” (où s’illustre l’harmonica jazzy-blues de Roly Platt), avant que le climat country-folk dont Neil Young célèbre de nos jours le demi-siècle ne domine le languide “City & Skies” (où le solo de Breit sonne comme la menace d’un orage imminent), et que le countrybilly “Big Train (From Memphis)” de John Fogerty n’offre au picking de Paul Pigat et à la slide de Steve Dawson l’occasion de rivaliser de virtuosité concise, tandis que le timbre de Suzie y prend les accents canailles de Wanda Jackson. Ce très bel album se referme en mode tex-mex avec le “Hurt By Luck” de Kevin Breit (qui y vocalise à l’unisson sur le refrain), tandis que l’accordéon de Mark Lalama et la steel guitar de Danny Greenspoon (également producteur) y apposent la touche typique. Capable de passer sans accroc du swing au blues et à l’Americana la plus roots, Suzie Vinnick s’avère une compositrice et interprète de premier ordre. Il n’est que temps de lui rendre justice de ce côté de l’Atlantique.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, November 12th 2022

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