Joep Pelt & Lobi Traoré : I Yougoba

Diesel Motor Records Motor CD 1030 BadReputation www.badreputation.fr
Blues

Fusionner deux facettes, deux tendances du blues aussi différentes l’une de l’autre pour mieux les faire fondre dans un mélange sans frontière culturelle, tel est le formidable pari réussi par le label Bad Reputation grâce à deux monstres sacrés du blues, l’un européen et l’autre africain : Joep Pelt d’un côté et Lobi Traoré de l’autre.

Pour Joep le batave, qui n’a cessé depuis ses 18 ans d’être en quête de ces fameuses racines du Blues en marchant dans les pas de R.L. Burnside et de T. Model Ford, la rencontre était inévitable, comme planifiée par le destin ou par un de ces vieux sorciers noirs de ce blues mythique aux racines africaines. C’est en 2004, lors d’une première visite au Mali que Joep croise la route de Ali Farka Touré et surtout celle de Lobi Traoré, fils de Samba et Nana Djiré, chanteurs de la société secrète du ‘Komo’. La rencontre entre Joep et Lobi ‘l’initié’ est non seulement musicale mais humaine : les deux hommes fraternisent et leur amitié sincère et profonde va donner naissance à ce superbe album bourré de feeling et d’émotion : I Yougoba. Dans toutes les chansons la voix de Joep ‘le blanc’ alterne avec celle de Lobi ‘l’africain’ qui utilise dans certaines de ses paroles les anciens textes du Bambara, le plus grand groupe ethnique du Mali. Frissons garantis. 

Le jeu de guitare de Joep, d’essence delta-blues, est soutenu, entrecoupé par des riffs tout en finesse signés Lobi. La richesse de la rythmique et des percussions, superbement valorisée par une excellente prise de son, consacre un album magistral, puissant, unique : confirmation également que tout commence par le rythme. ‘Vieuxhanne’ à la batterie et aux percussions ainsi que ‘Petit’ Adama Diarra au Djembé assurent et impressionnent, épaulés par un exceptionnel Breima Kouyaté à la basse. Les 11 titres de cet album sont pure merveille et si vous êtes comme moi, vous ne pourrez déjà plus vous passer de l’intro du premier titre, celui qui donne son nom à l’album, I Yougoba, une intro magistrale. 

Le reste de l’album est tout aussi sublime, reflétant un état de communion spirituelle entre deux mondes et deux couleurs du blues : le blanc et le noir réunis pour un opus à la sérénité unique. Une sérénité bourrée d’une émotion à fleur de peau qui fait frissonner de bonheur, comme dans ce La Haradocketikie, avec un super Cherif Soumano à la Kora. Un grand, un très grand album ; un de ceux qui marqueront incontestablement cette année 2007.

Frankie Bluesy Pfeiffer
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Joep Pelt