Joe Bonamassa – The Ballad of John Henry – blues music

(Provogue)
Blues
Après un superbe double CD ‘live’, Joe Bonamassa lien vers  enfonce le clou et impose sa griffe avec ce nouvel opus, ‘The Ballad of John Henry’. Virtuose de la six cordes, Joe Bonamassa n’en distille pas moins dans cet album un feeling qui vous touche là, au palpitant, et c’est toute la différence entre le génie précoce de la guitare qu’il fut et le chanteur-guitariste qu’il est désormais.
 
La pochette, le titre de l’album et la première chanson ont tous le même sujet : John Henry. Icône, légende, symbole américain de l’anti-esclavagisme, de l’anti-racisme et de l’anti-capitalisme, John Henry permet à Joe Bonamassa de graver pour le blues une chanson en faveur de la reconnaissance du travail. Une chanson dont non seulement le rythme mais la puissance, comparable à celle du marteau que dut utiliser John Henry, vous colle sur votre fauteuil et vous prend aux tripes.
Il y a incontestablement quelque chose d’incantatoire dans ce titre, comme un long souffle d’âme qui veut balayer les mauvaises valeurs références que notre époque a engendrées pour redonner leur fierté à tous ceux qui font leur travail avec conscience et du mieux possible.
La chanson est un coup de poignard, un coup de poing, un coup de tempête pour que soit remise à l’ordre du jour la ‘valeur travail’ et là où pour le dire, d’autres groupes auraient fait appel à deux ou trois guitaristes, Joe vous le fait seul, en maestro sûr de son art.
 
La suite de l’album est à l’image de Joe Bonamassa: le mec vous ouvre son cœur et vous dit combien sa séparation avec sa petite amie lui a fait mal, et cela vous donne des titres superbes, avec envols de six cordes à déchirer le ciel, à faire pleurer les étoiles: ‘Happier Times’ vous ferait presque chialer, mais tout comme le Joe, vous vous direz que la vie continue et vous enchainerez sur ‘Feeling Good’, hé oui, l’une de ces reprises que Joe glisse ici été là, dans ses albums.
 
Et pour ceux qui oseraient me dire encore que Joe c’est surtout de la gratte jouée speedy, mettez-vous ‘The Great Flood’, blues lent monumental (signé Joe !) sur lequel la six cordes de Joe vous offre un solo d’une infinie tendresse, à vous faire dresser les poils, et basta !
 
Dans ce CD, rien à écarter ou à jeter pour cause de remplissage. Tout est finement ciselé et entrelacé : titres percutants et complaintes plus émotionnelles, compos et reprises, avec ce coup de massue final qu’est ‘As The Crow Flies’, signé Tony Joe White, et auquel Joe Bonamassa rend hommage, tout comme l’avait fait la grande Tina Turner avec ‘Steamy Windows’.
 
‘The Ballad Of John Henry’: un album à écouter chaque matin avant d’aller au turbin, un truc génial qui met une grosse claque à toute cette crise et à ses chimères trop noires, un album référence, tout simplement. Un CD qui marquera la carrière de Joe Bonamassa, avec ces incontournables que sont ‘The Ballad Of John Henry’, bien sûr, mais aussi ‘Happier Times’, ‘Lonesome Road Blues’ et la superbe adaptation de ‘Jockey Full Of Bourbon’, de Tom Waits.
 
‘The Ballad of John Henry’: l’incontestable affirmation d’un talent épanoui, celui d’un guitariste virtuose qui a atteint la sérénité.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer